Jeune fille timide issue d'une famille végétarienne, Justine rejoint sa sœur à l'école vétérinaire qui a fait la fierté de ses parents. Mais lors d'un rite d'intégration, elle est contrainte à manger de la viande pour la première fois de sa vie. Elle va alors être soumise à des envies nouvelles et sinistres...
"Grave" est un récit initiatique franco-belge plutôt culotté. Associant l'éveil sexuel à des pulsions cannibales (!), taclant les végétariens en les renvoyant à des hypocrites qui cachent une sombre nature, et critiquant au passage les bizutages, le film n'est pas avare de sujets et d'idées fortes ! Heureusement, tout ceci ne se limite pas à des idées, Julia Ducournau faisant preuve d'une vraie maîtrise dans sa mise en scène, qui apparait dès les dérangeantes premières secondes.
En particulier, les séquences où l'héroïne est écrasée par un système de bizutage aussi bête qu'implacable, sont particulièrement fortes et malaisantes, bien plus que les scènes sanglantes certes efficaces, mais plus classiques. De mêmes, les séquences de soirées étudiantes débridées, catalyseurs des pulsions de la protagoniste, font leur petit effet. Tout ceci grâce à une photographie soignée (jouant allègrement avec les teintes rougeâtres) et un montage sonore réussi, accompagné d'une BO électronique sympathique.
On souligne aussi la prestation des deux actrices principales, aussi étranges qu'attachantes dans cette descente aux enfers carnassière. Le souci de "Grave" est peut-être son scénario moins palpitant et moins cohérent dans son dernier acte, sans compter un final prévisible. Néanmoins, l'écriture fait preuve d'un humour noir occasionnel mais non déplaisant, dont un clin d’œil (involontaire ?) aux "Bronzés font du Ski" !
"Grave" est donc un film de genre appréciable, d'autant plus que ce type de production est trop rare dans l'Hexagone...