" Il faut siroter pas engloutir !!! "

Le film commence sur une image comme on en voit beaucoup au début des "spaces opéras". Un plan fixe de notre belle planète. Puis la caméra commence à dériver comme si le cadreur était lui même en apesanteur. Sauf qu'ici le plan dure et nous spectateurs sommes littéralement transportés par ce long plan séquence tellement notre bonne vieille terre est filmée de façon magistrale. Et le plan continue jusqu'à s'approcher au plus près d'une équipe d'astronaute en pleine opération de routine sur un satellite. Et toujours aucune coupe, jusqu'à ce que je me rende compte que ce fameux plan séquence a bien duré 15 minutes et est filmé avec une maîtrise déconcertante. Ce plan sera le premier d'une longue série rendant l'action filmée pratiquement en temps réel. ( Elle se déroule tout de même sur un peu plus de trois heures. )

Et la virtuosité d'Alfonso Cuarón ne s'arrête pas là !!! Entre les mouvements de caméra allant et venant à l'intérieur des protagonistes eux même, où l'on vit avec eux cette peur, cette impuissance et cette angoisse face à ce vide infini, il y a cette absence de son ( Et oui ! On est dans l'espace !!! ) ou plutôt ces bruits sourds à chaque passage de ces débris spatiaux heurtant les différentes structures d'où l'importance de la musique ( et quelle musique !!! ). Remplaçant littéralement les effets sonores, la musique est à elle seule l'accessoire indispensable au rythme du film et est primordiale à sa narration. Du grand art !!!

Saluons également les performances magnifiques de George Clooney et Sandra Bullock. Reproduisant avec un réalisme tout simplement incroyable la vie en apesenteur, ils nous font oubliez les comédiens eux-même pour ne plus voir que le docteur Ryan Stone et Matt Kowalsky , deux astronautes perdus dans l'immensité de l'espace après cette fameuse tempête de débris rendant leur chance quasi nul de pouvoir rentrer sur Terre. Et comme si ça ne suffisait pas l'héroïne, elle, est en plein conflit intérieur.

Car Gravity est un film qui parle de deux sortes de gravités: celle de l'espace et celle de la vie. Le personnage de Sandra Bullock se bat constamment que ce soit physiquement mais également mentalement ( " Pourquoi se battre pour rentrer quand je sais ce qui m'attends sur terre? " ).

Quant à la 3D, mais quelle claque !!! On ne peut qu'être bluffé par cet effet de profondeur parfait. Cela rajoute une dimension supplémentaire au film et une sensation de bien-être bluffante. Gravity est sorti au moment exact où la technique sert la narration. Même si l'espace m'est inconnu, ce réalisme incroyable des conditions de vie dans l'espace est tout simplement épatant.

Quoiqu'il en soit, après Children of Men où Alfonso Cuarón nous scotchait littéralement par ses plans séquences éblouissants, il nous montre avec ce film le summum de sa virtuosité. Car si il est indéniable que les plans séquences restent sa marque de fabrique, le cinéaste ne s'enterre pas pour autant dans ce procédé bien au contraire. En témoigne son découpage beaucoup plus classique lors de la deuxième partie du film.

Au finale cette incroyable voyage est à vivre absolument sur grand écran avec bien sûr une configuration sonore et visuelle digne de ce nom, car où serait le plaisir de vivre pendant 1h30 dans l'espace si c'est pour attendre que le film sorte dans les bacs alors que dans une salle de cinéma voire même un IMAX, l'expérience sensorielle est à son apogée. Pour ma part, le choix est très vite fait !!!