Avouez que le projet avait de quoi intriguer : l'un des frères Farrelly s'attaquant à un drame sur la ségrégation sous la forme d'un « Miss Daisy et son chauffeur » masculin... Pourtant, très vite Peter sait nous convaincre du bien-fondé de sa démarche : si la mise en place est un peu longue, elle permet de poser solidement les bases et de présenter ce duo que l'on va rapidement apprécier grandement, justement parce qu'ils ne sont pas trop parfaits, chacun « complétant » l'autre par ses qualités et ses défauts. Cela pourrait être longuet, ça ne l'est jamais vraiment. Classique, oui, indéniablement. Mais au sens noble du terme, comme pouvait l'être les films de Frank Capra, par exemple.
Le réalisateur parvient toujours à relancer l'intérêt par une situation, une révélation, si bien que nous sommes toujours en mouvement, dans la voiture, bien sûr, mais aussi dans le récit. On y croit, pas seulement parce que c'est une histoire vraie, mais parce que les dialogues sont bien écrits, que la relation entre les deux hommes est loin de se limiter à un simple plaidoyer pro-tolérance, même si c'est en grande partie l'idée, surtout dans l'Amérique de Trump. Oui, c'est consensuel, sans réelle surprise, c'est vrai. N'empêche, il serait dommage de ne pas apprécier ce « Green Book » écrit et réalisé dans les règles de l'art, belle histoire d'amitié menée avec élégance par un duo Viggo Mortensen - Mahershala Ali impeccable : Oscar du meilleur film ? Discutable mais me concernant, il n'y a pas de scandale.