Rapidement, et cela d’autant plus au regard du pitch et de l’interdiction aux moins de 16 ans, on sait que Green Room va être un film violent. La question étant de savoir : quel genre de film violent ? Thriller sur l’univers néo-nazi, film social cru, survival ? C’est à cette troisième catégorie qu’appartient le film, même si la première partie est davantage à rapprocher du côté du thriller malgré tout.
Le principal intérêt du film de Jeremy Saulnier est de transposer un genre ultra-connu dans un univers assez peu représenté, avec des personnages et donc des "ennemis" originaux. Cette transposition fait d’autant plus effet qu’elle est dans un premier temps très réaliste, en prenant comme point de départ un jeune groupe de punk faisant un concert dans une boîte skinhead principalement peuplée de néo-nazis.
Si dans un second temps les personnages deviennent clairement fictionnels dans leur criminalité sans vergogne, ce réalisme du début produit une immersion vraiment réussie, crédibilisant du coup ses décors et ses personnages principaux (les quatre jeunes + une autre ensuite). Je passe néanmoins rapidement sur la colorimétrie très verte du film, qui à vrai dire ne me semble pas avoir davantage de sens que de lui donner un univers visuel propre, même si la forêt aux alentours du lieu de l’action la justifie.
Dans la suite des choses, le basculement vers le survival est forcément bien mené et naturel, démontrant un certain talent de mise en scène de la part de Jeremy Saulnier. Le problème du film, c’est que cette deuxième partie est beaucoup trop faible par rapport à ce qui se fait dans le genre, les morts s’accumulant trop vite d’un côté et pas assez de l’autre. Pire, la montée en tension espérée n’arrive jamais vraiment. Un manque d’équilibre dans le rythme et la narration donc, mais pas seulement. Les meurtres en eux-mêmes sont peu inventifs et rarement jouissifs, la faute sans doute à un manque d’effectif du côté des ennemis, empêchant le film de vraiment se lâcher pour ne pas finir trop vite.
Néanmoins, le duo final dans les vingt dernières minutes fonctionne à merveille et constitue la meilleure surprise du long métrage, faisant presque regretter que le film n’ait pas emprunté cette voie plus tôt.
Green Room est donc un film particulièrement gore et violent, assez impitoyable envers ses personnages mais qui souffre d’un certain nombre de faiblesses. Malgré une intention louable et un bon final, le film de Saulnier n’apporte finalement pas suffisamment de fraîcheur au genre alors qu’il avait largement les moyens de le faire. C'est donc un petit 6, mais le film je pense vaut le coup d'être vu pour ses tentatives.