Après le décevant mais prometteur Blue Ruin, Jeremy Saulnier revient à un genre plus trash en enfermant une bande de rockeurs punk dans un bar reculé tenu par des néo-nazi (on est bien là dans un monde marginal, que Saulnier isole en plus géographiquement). Sans jamais se prendre trop au sérieux (la fin est brutale et pinçante) ni céder aux facilités stylistiques (à une caméra-épaule qui aurait été trop simple, on préfère de superbes travellings verticaux et horizontaux) Saulnier invoque plusieurs univers pour créer un cocktail étonnant et puissant, oscillant entre jeux-vidéos et film d'horreur, créant une angoisse forte (le piège se referme petit à petit) et n'entrant jamais sur un champ politique (les nazis ne sont en fait que des remplacements au psychopathe des slahser-movie). On en ressort autant effrayé que stimulé par la violence et l'audace bienvenue qui se dégage de ce film énergique et minimaliste bougrement efficace.