Sweet home
Il en faut parfois bien peu pour faire basculer un film d'un genre à un autre, quelques silences, une introduction un peu plus longue, un personnage au caractère un peu moins abrupt qu'à l'accoutumée...
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le 29 mai 2024
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Il en faut parfois bien peu pour faire basculer un film d'un genre à un autre, quelques silences, une introduction un peu plus longue, un personnage au caractère un peu moins abrupt qu'à l'accoutumée .
Lee Sol-Hui , la réalisatrice coréenne, l'a bien compris et manifeste dès le début l'intention d'ancrer son film dans un propos moins radical que celui du thriller traditionnel, pour aller vers un suspense à résonnance plus sociale. Sa caméra s'attache à suivre les pas de Moon-Jung, une aide-soignante dévouée et au service d'un couple de personnages âgées, (le mari muet et sa femme qui perd la raison) qui tente de démêler elle-même une situation personnelle bien compliquée entre participation à un groupe de parole qui fait pour elle office de psychothérapie et la recherche d'un appartement décent pour accueillir son fils sur le point de sortir d'un centre pour jeunes délinquants.
La première partie développe de manière appuyée, un arrière-plan social, où se mêlent la désolation de ceux qui, malgré une volonté de tous les instants et un travail acharné ne parviennent pas à vivre décemment et un beau portrait de femme bienveillante attachante mais un peu désabusée. Pourtant l'atmosphère particulière laisse sans cesse planer une ombre, la sensation diffuse d'un danger menaçant un équilibre déjà précaire, un malaise indéfinissable.
Et c'est dans cette hésitation, entre la trop longue description d'enjeux sociaux compris depuis longtemps et la bascule vers une dramaturgie tout à fait différente, plus oppressante que le métrage se perd un peu. La mise en perspective initiale est bien trop explicative, redondante et laborieuse, pour que la tension qui brutalement s'installe, nous immerge pleinement au cœur de ce désormais thriller. L'événement déclencheur et plus encore "sa résolution" -très maline-, amènent pourtant un côté piquant bienvenu, mais surviennent probablement trop tard, et surtout s'étirent un peu trop également pour créer une tension durable. Reste alors la scène ultime qui rappelle inévitablement un autre thriller Coréen récent achevant de faire de "Greenhouse" un objet pétri de références aux standards du genre
( l'hommage à "Parasite" est évident dans son aspect "thriller de dépossession domestique" ,tout comme la référence à "Burning" lors de l'incendie final)
sans toutefois pleinement convaincre, à cause d'un rythme un peu moins maîtrisé.
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le 29 mai 2024
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