Initié sous l'impulsion de Steven Spielberg, Gremlins a été conçu comme un film d'horreur pour enfants. Gremlins reprenait donc en partie le concept du film culte Alien, à savoir un groupe d'humains aux prises avec des créatures inconnues et destructrices mais là où Joe Dante s'est vraiment surpassé réside dans le sous-texte anticapitaliste de son film. En effet entre le père de famille qui fourgue des produits inutiles, le fils qui travaille dans une banque pas très sociale, sa petite amie dont le père est mort en voulant jouer au père noël ou l'ami du héros qui fustige l'abandon des produits américains pour les daubes chinoises, il y a un doux parfum d'anticapitalisme teinté d'humour noir dans Gremlins. L'autre point fort du film vient de ses effets spéciaux plus que réussis qui utilisent des marionnettes, des maquettes et du stop motion avec finesse donnant vie à ces créatures d'une manière que n'aurait jamais pu atteindre l'usage d'images de synthèse. En outre on pourra noter l'excellente bande son de Jerry Goldsmith qui parvient à distiller l'angoisse sans jamais oublier l'humour noir qui sous-tend tout le long métrage de Joe Dante. Au final Gremlins est un peu la version pour enfants des Dents de la mer avec son histoire de monstres incontrôlables qui viennent dynamiter une société trop bienpensante pour être honnête mais aussi un pamphlet déguisé de la culture capitaliste qui détruit tout au nom d'une cupidité aveugle et irresponsable (il ne s'agit d'ailleurs pas d'un hasard si les Gremlins vont voir un film de Walt Disney au cinéma). Qu'on la visionne au premier ou au second degré, cette œuvre culte n'a pas pris une ride et demeure un des meilleurs contes que le cinéma ait produit jusqu'à aujourd'hui.