D'abord, il y a le Mogwaï qui ressemble à une sorte de chaton facétieux en peluche, puis ça devient un Gremlin si on ne suit pas à la lettre les recommandations d'un vieux boutiquier chinois. Au final, on se retrouve avec une escouade de bestioles velues et perverses, libérées sur une petite ville américaine bien tranquille où tout le monde fête Noël, et que ces petits monstres vont mettre à sac en faisant un bras d'honneur à la fête familiale par excellence. L'argument central du film n'est ni plus ni moins qu'une transposition du thème de Dr Jekyll & Mr Hyde selon lequel tout être possède en lui une part de bien et une part de mal.
Sur une idée de Spielberg, également producteur, qui fait appel à son pote Joe Dante à la réalisation, le scénario de Chris Columbus transforme un gentil conte de Noël en une comédie fantastique à l'humour ravageur et à l'esprit joyeusement subversif sur la société américaine, car derrière le gentil Mogwaï, se profile une satire gratinée de l'Amérique des années 80.
C'est un cocktail explosif de terreur et de rire, d'épouvante et de burlesque, car les Gremlins sont méchants, sournois, vicieux, malins et dangereux, semant une pagaille invraisemblable au sein d'une communauté et la font tourner en bourrique. Créées et bricolées par Chris Walas (qui a travaillé sur Star Wars) avec un budget dérisoire, ces petites créatures sont également tordantes, surtout lorsqu'elles essaient de singer l'humain ; le ton est à la farce, c'est un jeu de massacre ponctué de clins d'oeil, de références cinéphiles, de gags et de dérision macabre dont le but est de désamorcer l'horreur. Bref on rit beaucoup de ce délire même si c'est de la méchanceté à l'état pur, et le film qui fut un gros succès reste attaché à toute une génération.