Troisième long métrage de fiction de John Huston, « Across the Pacific » (Griffes jaunes) retrouve le trio principal de « The Maltese Falcon » : Humprey Bogart, Mary Astor et Sydney Greenstreet, ainsi que le chef opérateur Arthur Edeson. Construit sur un scénario assez habile, la mise en scène mélange allègrement comédie romantique américaine qui louche vers un érotisme que Mary Astor, star du muet, marquée par l’âge et sa vie dissolue, ne peut plus assumer et histoire d’espionnage souvent distanciée par un humour second degré très hustonien. Si la plupart du temps le spectateur n’est guère surpris, la photographie d’Edeson réserve quelques bons moments, surtout à bord du bateau et dans la salle de cinéma. La fin, filmée par Sherman, aussi platement que possible (Huston étant appelé dans les services cinématographiques de l’armée), manque totalement d’ironie, notamment la scène du hara kiri. Globalement le film se voit sans ennui, même si le manque de rigueur entraine un manque de tension, laissant le suspens au vestiaire. Intéressant mais inégal, souvent mal story bordé et peu inspiré quant à l’exploitation du récit, “Across the Pacific” n’est clairement pas un film majeur dans l’oeuvre du cinéaste.