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Piquée dans son orgueil par l'adaptation américaine de 1956 du célèbre roman de Tolstoï, l'Union Soviétique décide de prendre sa revanche en fanfare. Les Soviétiques mettent le paquet, produisant le film le plus cher de l'histoire de l'URSS. Une véritable saga de 7h (!), étalée en réalité sur 4 films.

Il faut certes un peu de courage pour s'y atteler, mais l'entreprise en vaut largement le coup. Pour ma part, motivé par le visionnage récent du "Napoléon" d'Abel Gance en version remasterisée de 7h (merci France TV !), j'ai décidé de poursuivre avec "Guerre et Paix". Rediffusé pour l'occasion également en version remasterisée (merci Arte !).

Ce sacré morceau m'a beaucoup surpris. Avec 7h de long-métrages, je m'attendais à une évocation fouillée des personnages et sous-intrigues du roman. Que nenni, c'est tout le contraire, on est pratiquement dans l'antithèse de l'adaptation de la BBC de 2016.

Serguei Bondartchouk préfère se centrer sur le trio Pierre Bezoukhov / Natacha Rostov / André Bolkonski. Les autres personnages passant plus ou moins à la trappe, dont Nikolaï Rostov, pratiquement réduit au rang de figurant. Une approche qui frustrera clairement ceux qui sont venus pour cela, mais l'intérêt est ailleurs.

Le réalisateur privilégie l'ambigüité des personnages, les non-dits, il ne cherche jamais à nous prendre par la main. Et il aime les introspections, les questionnements historiques et métaphysiques, les plans sur la nature... et les guerres napoléoniennes !

A ce niveau Bondartchouk s'est réellement fait plaisir. Sur les 4 films, un aborde Austerlitz, un traite en quasi intégralité la bataille de la Moskova / Borodino, un aborde en largeur l'enfer de l'occupation française de Moscou. Néanmoins ce n'est pas un film "sur Napoléon". L'empereur est présent dans chaque épisode, mais davantage comme figure que comme personnage.

Surtout, tout est somptueux.

Le budget démentiel a autorisé de nombreuses audaces. Des dizaines de milliers de figurants rendent les batailles absolument incroyables et épiques à regarder. Au-delà des séquences guerrières, la caméra ne reste jamais statique, même pour les scènes de dialogue & séduction. Le moindre plan affiche de belles idées de mise en scène, qu'il s'agisse des décors majestueux, de l'utilisation pertinente du large 70 mm, ou de mouvements de caméras inhabituels pour l'époque. Avec en prime un éclairage à tomber par terre.

Des idées qui auraient été relativement simplement mises en scènes ailleurs (coup de foudre, décès d'un personnage...) sont parfois traitées avec de belles envolées lyriques... voire psychédéliques.

Bref, énormément d'audace et d'ambition, et les moyens pharaoniques qui sont mis à leur service. Le résultat est un mastodonte, et un must sur le sujet des guerres napoléoniennes.

Redzing
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le 12 déc. 2024

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