Gueules Noires est un film qui, malgré ses bonnes intentions, peine à trouver un équilibre entre ses ambitions narratives et sa mise en forme. Le montage du film est parfois désordonné, rendant certains passages difficiles à suivre et affaiblissant la fluidité de l’ensemble. La caractérisation des personnages, bien qu’elle aspire à rendre hommage aux mineurs et à leur dur labeur, tombe trop souvent dans des stéréotypes, limitant ainsi leur profondeur et empêchant une réelle connexion émotionnelle avec le public. Les dialogues, quant à eux, manquent parfois de nuance, renforçant cette impression de clichés qui alourdit le récit.
Cependant, il serait injuste de ne pas reconnaître l’attention apportée à la direction artistique du film. La reconstitution visuelle du monde des mineurs est saisissante. Les décors, les costumes et l’atmosphère des galeries souterraines sont travaillés avec minutie, créant un cadre esthétique puissant qui, à lui seul, témoigne de la passion mise dans ce projet. Les jeux de lumière dans l’obscurité des mines et l’âpreté des paysages extérieurs renforcent le sentiment d’isolement et de danger constant. Toutefois, cette réussite visuelle ne parvient pas à compenser le manque d’originalité du récit ni à insuffler l'intensité dramatique que l’histoire exigeait.
En fin de compte, Gueules Noires est un film qui séduit par son esthétique mais qui déçoit par son écriture et sa structure narrative, donnant l’impression que la forme a pris le pas sur le fond.