Parmi les quelques noms de films d'horreur qu'il faudrait voir, de ceux qui feraient passer Saw pour de gentilles bluettes, est souvent revenu celui de Guinea Pig. Soit une série japonaise composée de six films, de durée variable, de réalisateurs différents mais dont le point commun est une violence crue, malsaine, abjecte. Miam.
J’ai pu voir le deuxième et le cinquième, et constater jusqu’où nos amis japonais pouvaient aller dans l'horreur grandiloquente et démonstrative.
Flower of flesh and blood possède un titre charmant. Il nous fait assister pendant une demi-heure à la lente mutilation d'une jeune femme par un étrange personnage dérangé comme il se doit. Et c'est tout. Elle va se faire charcuter et démembrer dans une unique pièce. Et c'est tout. Le film est présenté comme authentique, une captation retrouvée du massacre.
Il en faut généralement un peu pour m'émouvoir, et je dois reconnaître à Flower of flesh and blood de m'avoir mis assez mal à l'aise. Le film a pourtant plus de trente ans. Il y a bien quelques artifices un peu ratés, tels que des bruitages trop appuyés, ou le jeu grossier du psychopathe. Mais le reste est pourtant d'une incroyable f(r)acture, que ce soit dans la chair qui se déchire, dans les énucléations, et autres joyeusetés morbides. Le spectateur est voyeur, enveloppé par l'atmosphère malsaine et grotesque qui se dégage. Le film se regarde avec un plaisir très étrange, celui de se faire remuer les tripes, avec la curiosité d’aller jusqu’au bout de cet étripage.
La petite histoire veut que la VHS de ce film soit tombée entre les mains de Charlie Sheen qui alerta le FBI et contacta les autorités japonaises. Le réalisateur Hideshi Hino dut prouver à la justice qu'il s'agissait bien d'effets spéciaux.
On peut s'en moquer, mais il faut imaginer FFB avec une image dégradée de cassette vidéo, copiée et échangée de mains en mains, brouillant encore plus la frontière entre fiction malade et réalité tordue. L'image sur le DVD est presque trop propre. Il m'a semblé avoir vu que certaines éditions proposaient un filtre VHS qui devrait permettre de mieux comprendre l'impact qu'a eu le film à son époque. Pour mieux en restituer la malsaine beauté.