La critique, dans son ensemble, fait preuve d'une grande mansuétude vis-à-vis de Guy, film d'Alex Lutz, avec Alex Lutz. A croire qu'on le juge uniquement pour le talent (transformiste) de son interprète principal davantage que pour les qualités réelles de réalisation et de narration. On ne voit pratiquement que Lutz dans ce documenteur sympathique sur une ancienne gloire de la chanson française qui tente encore de surnager dans ses vieux jours. L'élément piquant de départ, celui du fils qui vient d'apprendre que son père serait le dénommé Guy Jamet ne sert que de prétexte à Lutz pour dresser le portrait d'un type nostalgique, souvent irritant, parfois touchant, à l'occasion pathétique. En quoi le film est-il plus profond qu'il n'y parait (expression qui revient assez souvent parmi ceux qui l'apprécient) ? Parce que le personnage est complexe (pas plus que n'importe quel humain), parce qu'il y est question de notre époque bien plus conservatrice et rabougrie que celles qui l'ont précédé, parce qu'on y évoque le lien particulier qui unit le public à un chanteur populaire ? Tout cela ne rend pas le film exceptionnel, loin de là, ce que l'on retient étant surtout la performance d'Alex Lutz, l'acteur, omniprésent et aussi crédible en chanteur à minettes des années 70 qu'en vedette érodée par le temps, 40 ans plus tard. Chapeau au maquillage et aux scènes de reconstitution du passé assez croquignolettes. Mais quoi de neuf par rapport à Quand j'étais chanteur de Giannoli ? Guy est plus méchant, sarcastique voire cynique mais la volonté centripète du film autour de son héros nous vaut moult scènes répétitives où l'on perçoit davantage la nostalgie et l'amertume que l'humour. Sans être médiocre, Guy se révèle finalement anodin, sorte de one man show lutzien qui a ses limites rapidement atteintes.