Trop mystique, trop exclusive dans son amour de Dieu, soeur Hadewijch est refoulée du couvent et ne prononcera pas ses voeux. Redevenue Céline, la jeune fille des beaux quartiers de Paris -en un ou deux plans, Bruno Dumont suggère la vacuité d'un foyer grand bourgeois- se lie d'amitié avec une jeune musulman de banlieue.
Le cinéma épuré et elliptique de Dumont a toujours quelque chose de fascinant parce que ses silences notamment sont une invitation à la méditation et à la réflexion. En philosophe, Dumont place l'être humain le plus humble au centre du film et de ses préoccupations, et semble faire peser sur lui un indicible désarroi. Le cinéaste nous perd parfois lorsque le minimalisme attaché à la réalisation comme au personnage de Céline confine à la monotonie ou que sa mise en scène est par trop absconse. Dans son cheminement erratique, l'héroine évoque sa foi explicitement en quelques occasions; d'autre fois, son engagement et sa dévotion laissent perplexe parce qu'on en cherche, à tort sans doute, la cause ou la raison. Quoiqu'il en soit, la dernière séquence, symbolique et subtile -le terme de l'errance de Céline- sera, une fois n'est pas coutume chez Dumont, comme un happy-end.