Un grand retour du Croquemitaine né en 1978 sous la griffe de John Carpenter, quoique teinté de quelques écueils auxquels on n'échappe décidément plus, les lobbies de tous poils faisant régner leur loi.
Grand retour de Jamie Lee Curtis dans son rôle culte de Laurie Strode pour un nouveau nouveau départ, initiant une troisième branche narrative qu'on espère -et que l'on sent au visionnage de ce métrage - plus heureuse que ses deux aînées.
Dans cette nouvelle branche, Michael Myers tiré des flammes du second opus originel a passé son existence en prison psychiatrique tandis que, dehors, Laurie Strode s'est elle-même incarcérée dans une maison piège, inspirée de celle d'Halloween 5, où elle attend dans la paranoïa et la haine son cruel adversaire.
Ce nouvel opus de la saga Halloween est une sorte de réécriture de La Nuit du Chasseur opposant un Croquemitaine et une nouvelle Rachel Cooper plus égoïste et intimiste mais toujours prête à conjurer le sort.
Une génération est sautée, Jaimie Lloyd et John Tate troqués pour une fille couarde devenue adulte et mère de la jeune Allyson, femme forte et tel le qu'il plaît aux metooïstes, c'est à dire qui émascule psychologiquement tout ce qui a le malheur d'être masculin. Ses deux soupirants sont d'ailleurs de parfaits goujats, menteurs, obsédés sexuels, croyant voir en elle des signes de désir. Cela sans souligner l'inversion de Bonnie & Clyde, manifeste tant metooïste que LGBT.
Pourtant, le film est sauvé par un Croquemitaine des plus crédibles, des plus implacables et, face à lui, une Laurie Strode âgée et comme folle qui dérange et qui impressionne par son charisme de survivante. Les péripéties, le grand final, l'ambiance paranoïaque, les scènes consacrées à la vie de famille des descendants de Laurie, la folie du successeur de Loomis, font bien vite oublier les quelques compromis avec le pseudo-politiquement correct.
Plusieurs scènes sont inspirées des classiques - les cabinets (Halloween 6), la maison piège (Halloween 5), le vol du couteau chez une voisine (Halloween 2), jusqu'au générique avec une citrouille sur fond noir des deux premiers volets - et les repensent plus terrifiantes peut-être avec plus de moyens et bien plus de violence. Parfois gratuite quand elle se met au service d'un gore purement formel sans intérêt réel pour le fond. Un gore dont n'avait pas fait nécessité La Nuit des Masques, qui reste aujourd'hui encore un chef-d'oeuvre indépassable.
Le point fort de ce film est l'esquisse d'une explication nouvelle de la folie qui anime le Croquemitaine: l'homme derrière le masque serait hanté, possédé par le masque !
Belle métaphore de la dichotomie humaine à la fois ange et diable ou, mieux encore, amorce d'un salut pour le petit Michael qu'on sortirait d'une torpeur de 60 ans ?
L'espoir d'un retour tant attendu d'un grand Halloween!
Attention cependant à rester indépendant à la reprise politique ambiante des fictions à succès pour ne pas retomber dans le sinistre Résurrection !