Je me souviens ma première rencontre avec Mike Myers.
C'était à Halloween, en 1999, et ma mère cherchait un film pour la soirée. Friande de thrillers, attirée par l'affiche, n'ayant aucune traître idée des aventures de Laurie Strode et du Dr Loomis.
Le vendeur, lui parlant de film d'horreur, de résurrection, de Scream, l'a refroidie. Elle s'est alors rabattue sur un petit film de Disney, sorti cinq ans plus tôt, qui allait devenir le classique familial de toutes les soirées d'Halloween: Hocus Pocus !
J'ai donc, comme beaucoup de jeunes de ma génération, les fameux Milleniums chantés par Robbie Williams, cultiver le goût des slashers avec la saga Scream. Un goût qui a préparé mon intérêt pour ce volet d'Halloween, certainement pas aussi bon que le premier volet, indépassable.


Halloween: 20 ans après, il revient, réduit en H20, au titre dumassien, constitue le premier volet de la branche narrative consacrée à la jeune Laurie Strode par opposition avec la branche initiée en 2018, qui représente Laurie Strode devenue grand-mère et la branche originelle centrée sur le bon Dr Loomis. Suite aux événements du second opus, clôturant le dyptique initial, H20 rend d'abord un bel hommage au Dr Loomis et son interprète Donald Pleasance, résumant et expliquant tout ce qui s'est produit durant les vingt ans qui séparent cette nouvelle aventure d'Halloween 2, coupure de journaux amassées par le Dr Loomis puis sa femme à l'appui. Et tuant au passage Joseph Gordon-Levitt, ce qui n'est pas vraiment une mauvaise nouvelle.


Ce retcon d'Halloween, loin d'être mauvais, troque l'épique fou furieux des derniers opus de la branche Loomis pour revenir à plus de simplicité, pour se rapprocher de l'ambiance de La Nuit des Masques. Cela tout en revoyant sa recette à l'aune des critères de la saga horrifique par excellence des 90's qui sut relancer l'attirance du public pour les slashers, j'ai une nouvelle fois nommé Scream.
L'intrigue restera donc confinée dans une grande école privée où la survivante Laurie Strode, devenue à la fois professeure de littérature et directrice, adulée par ses élèves et courtisée par certains de ses collègues masculins, à qui tout réussit, reste la proie de ses démons, redoute l'impossible retour du Croquemitaine et élève son fils à la dure, séparée de son mari, tout en entretenant une addiction à l'alcool qui lui permet de tenir bon. C'est dans ce contexte où, de nouveau, seule Laurie - et la petite amie de son fils - n'ont l'intuition de son retour que Mike Myers fera son grand retour.
Face à lui, Jamie Lee Curtis reprend le flambeau laissé par Donald Pleasance et ressuscite son personnage mort dans un accident dans une autre vie pour lui donner l'occasion de se faire plus fort, plus tourmenté et d'en finir avec son tortionnaire. Aux côtés de l'héroïne retrouvée, une bande de petits jeunes typiques des slashers, Josh Hartnett (Slevin, Sin City) en tête dans le rôle du fils de Laurie, alternative à la Jaimie de la branche Loomis. Bien connu aujourd'hui, il constituait pourtant à cette époque un fils crédible à la fille de Tony Curtis. Il s'entoure des belles Michelle Williams (Venom) et Jodi Lyn O'Keefe (Prison Break).
Ces demoiselles, sans tomber dans l'écueil discret mais piquant du féminisme galopant du film de 2018, crèvent l'écran et sauvent bien souvent le damoiseau en détresse qui ne voit pourtant pas sa virilité remise en cause.
Cela, parce que le véritable génie de ce film est son esthétique de la variation qui crée bien plus la surprise que l'esthétique de la surprise. H20 rappelle ingénieusement plusieurs éléments des volets parallèles, comme le monte-charge du cinquième film, les cabinets du sixième dont se rappellera le premier de la branche Old Laurie Strode, et joue avec ces références. Le summum étant atteint avec le grand final qui dépasse sa référence, le final du cinquième film, inversant les rôles et surprenant par son dénouement qui a dû en renverser plus d'un ! Mieux encore, un personnage secondaire aura à coeur, tout au long du film, de jouer avec les codes de son rôle de faire-valoir pour surprendre, ne mourant pas quand on s'y attend, mourant quand on ne s'y attend plus, pour surgir bien vivant et calmer l'héroïne en fin de métrage, dépaysant un spectateur qui le voyait déjà mourir le premier, laissé définitivement pour compte ! Ce personnage est la petite perle inattendue de cette très agréable nouvelle aventure de la saga Halloween.


L'autre belle surprise, c'est la révérence elle aussi survivante à la source référence de John Carpenter dans le premier film, à savoir Psychose d'Alfred Hitchcock. Un ami du fils de Laurie Strode compare en effet sa relation nocive avec sa mère à celle de Norman Bates et sa mère, prophétise un dénouement similaire. Mais le clin d'oeil va plus loin, à la fois bulldozer et tout en finesse. Car la secrétaire de l'établissement scolaire, prénommée Norma non sans ironie, est campée par Janet Leigh, la victime de Norman Bates dans Psychose. L'ironie mord plus encore quand la dite Norma s'excuse de jouer les mères avec Laurie, quand on sait que Janet Leigh est la propre mère de Jamie Lee Curtis. Plus subtile encore, adressée aux mélomanes attentifs et aficionados d'Alfred Hitchcock et de Psychose, le départ en voiture du personnage de Janet Leigh, Norma, est une reprise très légère, à peine perceptible du thème de Bernard Herrmann pour le film de 1960.


Revu et corrigé à la sauce Scream, doté d'un ton mieux réadapté que ne tentait vainement de le faire Halloween 5, H20 se permet de renouer avec le vrai frisson viscéral, le jeu de cache-cache entre le chasseur et sa proie, qui a fait les beaux jours des oeuvres de Wes Craven. Il en résulte un plaisir nouveau ou renouvelé, plus authentique, délivré de l'intéressant mais mythifiant univers mystique de la branche Loomis.
H20 en outre ne s'en cache pas et cite visiblement sa source, un extrait de Scream 2, Sarah Michelle Gellar au téléphone avec Ghostface faisant foi.
D'aucuns, avec raison, regretteront sûrement cette union spirituelle, rejetteront l'idée de la mort de Michael Myers en fin de film.
Mais nul n'est dupe: cela fait longtemps que Myers a perdu la tête et rien ne le fera jamais disparaître vraiment ...

Frenhofer
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le 11 nov. 2019

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Frenhofer

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