Des héros ... aux tueurs !



Du Loomis moralisateur ... au Loomis provocateur



En 1978, en même temps que Michael Myers, naît, pour le combattre, le bon Dr Loomis, personnage plus complexe qu'il n'y paraît, campé avec humanité et virtuosité par Donald Pleasance. Une sorte de Cassandre que ses pairs, psychiatres eux aussi, refusent d'entendre. Mais au fil des films de la branche narrative qui lui est consacrée, le Dr Loomis ressasse, se répète, tombe dans la redite, oscille entre le moralisateur à la Derrick et la duplicité du stratège. Son mauvais côté: il s'accuse de tous les torts de Michael Myers,qui ne sont pas de son fait. Cela le rend pourtant attachant, rassurant, protecteur.
En 2009, alors que Le Croquemitaine et son Van Helsing sont de retour dans la suite d'un reboot de 2007, le Dr Loomis, impeccablement calqué sur son modèle, revient, toujours joué par Malcolm McDowell, mais c'est un nouveau Loomis, ainsi auto-proclamé. Le Dr Loomis est devenu un sale type, orgueilleux, égoïste, opportuniste, râleur, hâbleur, publicitaire, vendeur de best-sellers, provocateur. Il bataille avec les journalistes - les "fouille-merdes" comme il a désormais coutume de les nommer - pour se vendre et vendre ses bouquins. Il devient l'un de de ces stars qui hantent les plateaux de talk-shows grotesques où il se ridiculise, s'abaisse afin de rester "bankable". Renonçant devant rien pour la gloire, le succès et la fortune, il exploite la maison des Myers comme un label - tiens, une résurgence de Résurrection ? - et révèle à la terre entière, qui, cela semble manifeste tant le scoop tarde à sortir, s'en moque totalement, la véritable identité de Laurie. Le bon côté de cette réécriture du personnage: c'est le monde entier qui, cette fois, l'accuse des meurtres de Myers.
Reste que si cette métamorphose est astucieuse et plaira à certains, on aurait tendance à regretter le côté vieux barbon du personnage de Donald Pleasance.



Je n'ai jamais été aussi ridiculisé de ma vie ! Bonsoir ! Merci pour tout !




La Revanche de Jaimie



Un prénom fait son grand retour dans ce second volet du reboot de Rob Zombie, son ombre du moins.
J.A.M.I.E
Jaimie, comme le personnage de Danielle Harris, Jaimie Lloyd, car son interprète remonte sur le manège des horreurs pour un second tour dans le rôle d'Annie, l'amie de Laurie.
Laurie, qui est de nouveau interprétée par Scout-Talor Compton, et qui est toujours bien différente de l'originale, une certaine Lee Curtis Jaimie.
Laurie, dont le comportement ressemble de plus en plus à celui de Jaimie Lloyd dans Halloween 5. Ce dernier tisse bien plus de points avec le nouvel opus de Zombie que ne le fait le Halloween II originel. En cela, Halloween 2 peut apparaître comme une réécriture ingénieuse du cinquième film originel.


Car le final du film délivre une Laurie Strode qui ne parvient pas à supporter le meurtre qu'elle a commis pour survivre et qui, progressivement, tout le long du film, se change en Croquemitaine, jusqu'au "C'est toi !" répété et affolé du Dr Loomis, qui signe la fin de la métamorphose.
Si l'idée, qui clôt le film, ne manque pas de piquant, elle est assez mal préparée par un déroulement brouillon, fouillis, où se mêlent flashs, cauchemars, visions noires de Laurie et insinuation de la survie de Michael, meurtres qu'il commet à un moment où l'on sait Laurie ailleurs, faisant autre chose. L'irruption du surnaturel, visuellement forte et belle, fait surtout perdre pied et l'on ne sait plus vraiment, en fin de métrage, si Laurie est Myers depuis le début ou si le spectre et le zombie de son frère ont accompagné sa mutation criminelle. Une excellente idée présentée de façon floue, obscure et problématique, sans jamais ne donner de réponse claire et sans jamais participer d'un fantastique complètement assumé.



Austère Killer ou L'esclave qui grognait



En 1978, le public venait de voir les premiers affrontement de James Bond et de son célèbre antagoniste aux mâchoires d'acier, Requin. En 1978, nul ne connaissait Austin Powers: lui et son interprète n'était pas encore nés. En 1978, John Carpenter épouvantait ses spectateurs avec son tueur froid, calme, méthodique, implacable, impassible et silencieux.
En 2009, Rob Zombie fait revenir son tueur plus brute de décoffrage, plus violent, plus gore, plus animal. Et le Michael Myers de Tyler Mane, pourtant très bon interprète pour ce rôle, grogne de plus belle et frappe avec plus de colère et de hargne. Depardieu ivre et effrayé par une voiture saurait faire de même. Le Croquemitaine, bien qu'ainsi à nouveau surnommé, n'es toujours qu'un teur, une machine à tuer.
Pire, c'est un esclave du spectre fantasmé de sa mère, ce qui en soi est tout de même un beau retour à Norman Bates. Excepté que sa mère est devenue un mélange de cavalier de l'Apocalypse et d'elfe du Seigneur des Anneaux. Michael se dédouble et l'adulte est aussi l'esclave de l'enfant. Tout cela ne peut prendre de sens qu'avec Laurie et pourtant rien ne permet vraiment d'abonder dans le sens de ce projet de lecture seul.
En 2009, on connaît Austin Powers et son interprète Mike Myers. Rob Zombie n'a pu contrôler son envie de faire dire la blague que ses prédécesseurs ont su réprimer: le rapprochement entre le Groowy Dandy et le Serial Killer tient plus de la boutade geek de soirée entre amis et non du scénario d'un Halloween...
Cela dit, on saluera tout de même la scène où Myers tue Annie qui bénéficie d'un point fort du premier essai de Zombie: cette esthétique de la métonymie et du ralenti pour placer le spectateur entre le tueur et sa victime.


Halloween 2 est donc un film intéressant où les deux héros originaux, Samuel Loomis et Laurie Strode, possédés par le tueur qu'ils ont affronté, deviennent des monstres.
Mais tout cela est assez mal amené et retombe dans le gore gratuit et dans l'allusion omniprésente à la sexualité, qui nous rappellent la différence entre l'épouvante, tout en subtilité et en suggestion, et l'horreur, tout en bassesse et en monstration. La différence qu'il y a entre un film érotique et un film pornographique.
Ambitieux mais mal léché, Halloween 2 peut persuader mais non convaincre. Dommage !
Encore une fois, ce film eut peut-être été meilleur s'il n'avait pas été un Halloween mais le volet d'une nouvelle franchise.

Frenhofer
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le 15 nov. 2019

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Frenhofer

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