Dirty arigato
Une musique composée de cordes enjouées, planante et tournée vers les nuages. Puis deux visages ahuris et du bitume face au portrait craché d'un homme en deuil. Un coup de serpillère imbibée violent...
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J'ai découvert Kitano il y a quelques mois après l'achat d'un DVD d'Asian Collection avec Violent Cop, premier film du réalisateur, & Kids Return. Une découverte qui m'a poussé à m'intéresser à ce monsieur japonais que je ne connaissais que par l'assaut de son château à la télévision.
Vint alors un autre DVD dans la même collection avec Jugatsu & Sonatine. C'est sur ce 2ème que j'ai pu réaliser l'essence et la qualité des réalisations de ce monsieur japonais.
C'est l'été 2017. Visionnage de d'autres de ses oeuvres. Une retrospective Kitano est prévue. Sur la programmation, L'Été de Kikujiro & Hana-Bi. C'est l'heure d'aller les voir. Un. Puis l'autre. Sortie de salle. Pincement au coeur.
Hana-Bi, c'est le mélange de la carrière de réalisateur et de la vie privée de Kitano. C'est la condensation de ses oeuvres à travers les acteurs choisis (tous venant de ses anciens films, même pour des rôles mineurs, presque comme des clins d'oeil), de la mise en scène par les choix de cadre et de structure narrative, de montage (Jugatsu et Sonatine), de la relation entre les personnages (le personnage de Kitano et sa femme agissent comme le couple de A Scene At The Sea) et également la musique (association Kitano/Hisaishi).
Le côté autobiographique se retrouve par la présence des peintures de Kitano qu'il a réalisées après son accident (accident ici correspondant à la scène de l'arrestation ratée) ou même de sa propre fille pour la fin du film.
Un film structuré en 2 parties : un avant et un après son accident. De sa véritable réalisation de ce fatalisme qui surgit de nulle part, injuste mais inarrêtable. Que face à l'incident, on réalise l'importance des choses et qu'on décide de s'y dévouer, même si on connaît l'échéance.
La violence est le marquage du film. Elle détruit comme elle crée. Elle est horrible et mise en scène de façon où même elle devrait être satisfaisante, est insatisfaisante. Un sentiment pesant de mort rode à travers la violence et le fatalisme. Mais elle n'est pas pour moi le sujet du film. De cette violence découle alors selon moi de l'essence même de l'oeuvre : l'Amour.
L'amour, l'humain. Métaphorisé par le feu d'artifice de Kitano, ayant du mal à démarrer, surpris par son apparition, profitant du spectacle jusqu'à la fin. Pas de recherche de dialogue. Des regards qui se croisent, des expressions, des gestes... Le rire. Le destin inéluctable de la femme de Kitano qu'il cherche à protéger de la violence, la tenir à l'écart du monde dont il ne peut s'échapper. Cette femme, produit purement humain, rire transcendant l'ouïe, accompagnant la musique langoureuse et mélancolique de Joe Hisaishi, ces mines acquiesçantes, gardant le sourire malgré ce fatalisme, ne disant mot de tout le film, sauf ces quelques mots qu'elle ne pouvait s'empêcher de garder pour elle à l'homme qu'elle aime :
"Merci... Désolé..."
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Créée
le 14 sept. 2017
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