Hannah se résume à son court sujet : "portrait intime d'une femme dont la vie bascule lorsqu'elle doit survivre, entre réalité et déni, à l'arrestation de son mari." Et encore, est-ce totalement juste ? sa vie "bascule"-t-elle vraiment ? Et pour cause, dans une histoire strictement linéaire, Andrea Pallaoro ne nous dit rien du contexte, de ce qui s'est passé avant, du pourquoi, du comment - nous ne découvrons que quelques éléments épars (comme la présence du mari en prison, le fait qu'Hannah soit fâché avec son fils). Il fait ici un choix, somme toute, radical. Le cinéaste ne donne également aucun élément permettant de déterminer où nous sommes (une ville du nord, de l'Europe ou de l'Italie ?). Tout ceci à un but : gommant tout élément contextuel qui pourrait être parasite, le spectateur se focalise totalement sur Hannah, personnage souvent solitaire, et dès lors mutique, que nous suivons pas à pas, scrutant chaque inflexion de son humeur.


Mais dans ce dispositif précis, intéressant et cohérent, Hannah se révèle longuet et ennuyeux (ce que l'on pouvait craindre dès le début et qui est presque le revers de la médaille obligée du choix de mise en scène de Pallaoro), et ce, en dépit de la beauté des plans et de la photo et de la qualité du jeu de Charlotte Rampling, impressionnante dans son jeu en forme de litote où elle exprime beaucoup en en faisant peu.

denizor
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le 23 juin 2018

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