J'essaie toujours de tenir compte de l'ancienneté d'un film au moment de l'évaluer, c'est pourquoi "Gaslight" obtient la moyenne, mais je ne peux vraiment pas aller au-delà, en dépit de son excellente réputation.

J'ai toujours pensé que la comédie était le genre qui vieillissait le plus vite, mais en découvrant le film de George Cukor, je finis par croire que les codes du film d'angoisse subissent encore plus douloureusement le poids des ans. En même temps, lorsqu'on pense à ce que Clouzot ou Hitchcock étaient capables de proposer à la même période, le problème est sans doute ailleurs…

C'est bien simple, on ne frissonne jamais devant les malheurs de Paula, on n'est jamais mal à l'aise face à l'ambigüité (inexistante) des situations, on sait dès le départ qui sont les bons et les méchants, sans que le moindre doute ne vienne réellement s'insinuer...
Le scénario apparaît donc archi prévisible - la "révélation" finale étant limpide depuis les dix premières minutes - et la direction d'acteur vient encore accentuer cet état de fait.

J'entends bien que le jeu des comédiens à énormément évolué en près de 70 ans, mais j'ai été très déçu par les prestations de Charles Boyer (aucune ambivalence) et Ingrid Bergman (hyper théâtrale), qui hérite en prime d'un personnage d'une nunucherie sans égal. Et je suis d'autant plus déçu (et perplexe) que leur prestation respective semble unanimement saluée, au point d'ailleurs que la suédoise repartira avec l'Oscar de la meilleure actrice pour ce rôle.

Pour en revenir à l'héroïne, je veux bien admettre que les valeurs sociétales étaient différentes, avec un système patriarcal bien plus prégnant à l'époque, mais le comportement de Paula, tout en soumission et aveuglement, demeure un mystère à mes yeux, .

Remake d'un film britannique de Thorold Dickinson, et ressemblant par ailleurs étrangement au "Rebecca" d'Alfred Hitchcock, "Gaslight" est seulement sauvé par son atmosphère londonienne embrumée - les passages aux abords de la maison sont les seules sources de frisson - et par la présence de quelques seconds rôles charismatiques : outre le sympathique et frisé Joseph Cotten, on apprécie la gouaille de l'indiscrète May Whitty et surtout de l'effrontée Angela Lansbury, dans sa toute première apparition au cinéma.

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le 9 mars 2023

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