Folie passagère

On connaissait David O. Russell particulièrement fêlé, ce film n’arrangera pas sa réputation. Ecrit et réalisé par lui, le film respire la folie du moins dans sa première partie. Jusqu’au propre psychiatre de Pat ou du policier chargé de s’assurer du respect de l’injonction d’éloignement du personnage principal, la ville entière est soumise à une douce folie qui promet quelques dialogues et situations savoureux.

Bien évidemment, les deux héros, Pat et Tiffany, sont les deux personnages les plus détruits psychologiquement. Le premier a tout perdu, sa femme, sa maison, son boulot, et a commis l’erreur d’assassiner l’amant de son épouse tandis que la seconde vient de perdre son mari, renversé par une voiture. Incarnés par Bradley Cooper et Jennifer Lawrence (rescapée de « Hunger Games »), les personnages sont campés avec sérieux. Mentionnons aussi Robert de Niro, emprisonné dans des paris sportifs qui le ruinent, qui renaît de ses cendres après moult prestations caricaturales lors de ses derniers films.

On connaît tous la mécanique de la comédie romantique. On connaît le postulat de départ, on connaît la fin, le défi d’un tel film est donc d’être original dans la manière de relier ces deux points. Dans sa première partie, le challenge est plus que réussi : aucun temps mort, une folie permanente, des dialogues délicieux, une caméra virevoltante (mais on a l’habitude avec David O. Russell) quoique certains mouvements soient inappropriés. Le rire côtoie le drame dans une synergie intéressante.

Cependant, dans sa deuxième partie, le film chute qualitativement. Tous les poncifs aussi bien de la comédie romantique que de la comédie dramatique passent les uns après les autres dans le récit duquel la folie est abandonnée au fur et à mesure que les personnages sont sur la voie de la guérison mentale. Dépouillé de sa fantaisie, « Happiness Therapy » se conclut dans ses quarante cinq dernières minutes comme un vulgaire téléfilm de dimanche après-midi.