Japon : XVIIème siècle. Tsugumo, un samouraï, vient se présenter au château du seigneur Kageyu Saito pour se faire Hara-kiri. Alors qu'il explique vouloir aller au bout de son geste, il souhaite juste que l'on lui donne l'occasion de raconter son histoire...
Quelle maîtrise de la part de Masaki Kobayashi ! Il alterne entre présent et passé à travers des flash-back bien amenés et, dès le début, il éveille notre intérêt qui sera tout le long présent. Il met en place une atmosphère d'abord ambiguë puis de plus en plus sombre et éprouvante à travers un récit brillamment construit.
La grande réussite du film vient de son histoire et de la manière dont elle est contée. Il détourne les codes du samouraï et n'offre que peu de scènes de combat pour se concentrer sur l'histoire de ce rônin mal rasé qui va défier, idéologiquement d'abord, le maître d'un riche clan. Il fait ressortir toute la tragédie et la cruauté des personnages qui sont eux très bien travaillés et étudiés, notamment lors du deuxième flash-back, le plus important. Lorsque les combats apparaissent (ils sont finalement peu présents mais prennent tous leur sens lorsque l'on y arrive), ils sont extrêmement bien réalisés et par moment très violents. Les scènes marquantes ne manquent pas et "Hara Kiri" bénéficie d'excellentes interprétations, à commencer par Tatsuya Nakadai.
À travers cette histoire de samouraï, il dresse une peinture malheureusement et terriblement réaliste de la misère ainsi que de ses conséquences. Il met en scène les différentes façons dont l'homme va essayer de s'en sortir et pose des questions sur les conditions de l'humain lorsqu'il en arrive à ce stade. Mais c'est aussi une critique du code d'honneur et de la hiérarchie en triangle dans un pays où ces deux cas sont très importants et présents.
Tant sur le fond que sur la forme, "Harakiri" s'impose comme une leçon de cinéma. Kobayashi maîtrise son récit d'une main de maître, alternant entre présent et passé et faisant ressortir toute la cruauté, la tragédie et la noirceur des personnages.