Né en 1996, je me considère comme étant pile dans la génération Harry Potter. J'ai grandi avec lui, les ambiances des films ont évolué en même temps que ma maturité, et même si je dois reconnaître que j'ai en général largement préféré les livres aux films, les premiers m'ont tellement marqué que j'ai l'impression de retomber en enfance rien qu'en entendant des répliques ou des musiques, plus que pour n'importe quel autre film de cette époque.
Chris Colombus a parfaitement su s'approprier l'univers dense de J.K. Rowling. L'introduction est assez longue, mais il y a tellement d'éléments à mettre en place que je trouve impressionnant d'arriver à construire un univers aussi cohérent sans jamais négliger la narration. Car jamais le film n'est ennuyant, malgré ses 2h30 (pour la version longue).
Le film en lui-même est extrêmement dense. On ne compte pas le nombre de passages cultes, de répliques mémorables, ou de musiques qui ont impacté à vie le public ciblé. John Williams a signé une de ses meilleures partitions (bien qu'il ait fait beaucoup de BO d'exception).
Je sais qu'on va dire que je rationalise trop, mais même s'il peut y avoir quelques incohérences sans grande importance (Comment Bibine peut-elle donner un premier cours de balai à des débutants sans prendre de sécurités en ayant elle-même son propre balai en cas d'urgence ? Comment peut-on laisser deux élèves se promener seuls dans la Forêt Interdite ? Comment Ron peut-il gagner une partie d'échec magique alors que l'IA bat l'homme depuis longtemps déjà ?), tout cela est largement compensé par le ton léger du film. Après tout, dans Maman, j'ai raté l'avion, personne ne s'étonne qu'un gamin viennent à bout de deux cambrioleurs par la simple force de son ingéniosité : encore une fois, c'est grâce au ton léger du film qu'on assoupli notre seuil de tolérance, garantissant la crédibilité de l'univers.
Bien sûr, HP1 n'est sûrement pas exempt de défauts pour autant, d'ailleurs ses enfants acteurs sont assez médiocres (la VF n'est pas la seule fautive), mais après tout, ils se fondent bien dans ce type de film. Ils ne semblent pas réaliser l'univers qu'ils sont en train de créer, et il s'en dégage une certaine naïveté qui tire à nouveau sur ma sensible corde de l'indulgence. Et puis d'ailleurs, le casting plus "mûr" comporte de nombreux acteurs d'exceptions dans leurs meilleurs rôles (Alan Rickman, Maggie Smith, Richard Harris...).
Finalement, pour tout ce que ce film m'a apporté, pour tout ce qu'il m'évoque et ces sentiments qu'il fait remonter, alors nostalgie oblige : impossible de m'en faire un avis parfaitement objectif. Je trouve qu'HP1 est parfait au moment de sa sortie et pour le public qu'il visait. Sa suite directe est également excellente, mais je trouve bien que Colombus se soit arrêté ensuite. Il fallait passer le flambeau, et toucher à des thématiques moins infantiles dans une atmosphère autre. Le parcours de Colombus dans la saga Harry Potter, en plus de l'avoir amorcée, a été brillant, et il a largement défriché le terrain pour les réalisateurs qui suivront.