Le second film de la saga "Harry Potter" à l'écran met encore plus cruellement à jour que le premier les déficiences de l'adaptation à la sauce hollywoodienne de l'œuvre de J.K. Rowlings : alors que le livre construisait de manière remarquable un univers réellement enchanteur sur les intuitions géniales de "l'Ecole des Sorciers", tout en créant un écho inattendu entre les conflits du monde des sorciers et ceux du nôtre, lutte des classes et racisme en premier lieu, les producteurs des films, peu aidés il est vrai par l'incompétence crasse de Chris Columbus, ne savaient clairement pas à quel saint se vouer. Déjà trop compliqué à adapter, le thriller malin de Rowlings nécessite ici de longs tunnels de dialogues explicatifs, que l'on essaie en vain de compenser ailleurs par une orgie d'action et d'effets spéciaux... Le tout débouchant sur un affrontement final d'un ridicule accompli, désamorçant complètement l'atmosphère plaisamment fantastique qui a précédé.
Tout cela manque donc tragiquement de magie (ha, ha !), sans doute parce qu'on fait à nouveau l'impasse sur les efforts scolaires et sur les péripéties de la vie quotidienne des collégiens, tout en survolant les complexités du roman. On appréciera toutefois la prestation rigolarde de Kenneth Branagh, absolument épatant en magicien pleutre et vantard, cabot littéraire fou de sa propre image et chéri de ses dames !
"Harry Potter et la Chambre des Secrets" ressemble finalement à un jeu de piste géant organisé par un pro des attractions hollywoodiennes, qui, la faute à une durée excessive et à une écriture mal maîtrisée (le soi-disant respect du texte original…), tourne à l'interminable séance de jeu vidéo. Ce qui prouve - si besoin est encore - que l'on perd son âme d'enfant dans le fracas des effets spéciaux et les sonneries des tiroirs-caisses.
[Critique écrite en 2018 à partir de notes prises en 2002]