Booooon.
Après Harry Potter 6, j'avais officiellement condamné David Yates à la peine de mort (cela tient toujours).
L'extension de ce châtiment au reste de sa famille et à sa descendance restait tributaire du degré de ratage du 7ème film.
Ayant vu la première partie, je pense pouvoir affirmer qu'ils échapperont au carnage.
Une fois n'est pas coutume, j'ai essayé de rester objectif.
Pourtant, les éléments étaient contre moi :
- le film précédent était encore frais dans ma mémoire (j'avais vu le DVD la semaine d'avant "pour me remettre dedans")
- je suis en pleine relecture des bouquins (même raison)
- je n'ai trouvé AUCUNE séance en VO, que ce soit dans ma ville ou celles avoisinantes (et c'est pas un bled paumé en Ardèche hein) et, soyons honnêtes, les voix françaises donnent envie de massacrer l'écran du cinéma à grands coups de pelle
- la salle était remplie de mioches, heureusement pas TROP jeunes donc pas TROP bruyants
Bref, y'a fallu prendre sur soi, du zen et de la concentration.
Esprit de Noël es-tu là ? Oui, ouf.
Je reviens sur deux critiques récurrentes qui ont été formulées par mes connaissances-références cinématographiques habituelles :
- c'est fidèle au bouquin
- c'est long et chiant
(les deux n'étant aucunement incompatibles)
Concernant la fidélité, force m'est de constater qu'après la "libre adaptation" du tome 6, il y avait une confortable marge de manoeuvre.
Objectivement (puisque c'était le but), et donc sans même tenir compte de ce précédent désastreux, c'est très honnête effectivement.
Je relève quelques incohérences malgré tout et, à la faveur de la simplification souvent inhérente au passage à l'écran, j'ai également pu noter quelques éléments qui sont peu logiques dans le bouquin.
De ce côté-là donc, plutôt bon point.
Concernant l'aspect "long et chiant", je réfute complètement.
D'accord les passages "camping" se multiplient, mais même ceux-ci permettent d'explorer un peu la psychologie des personnages et de montrer un côté un peu moins folichon que la joyeuse ambiance djeun's qui polluait le film précédent (eh t'as vu, y'a Brandon qui sort avec Sabrina, c'est trop lol, il était avec Mélissa y'a pas deux jours).
Et leur articulation avec les scènes "action" ou en tout cas les moments-clés de l'intrigue offre un bon équilibre à l'histoire.
On n'observe pas ici de coupes franchement choquantes, ou d'enchaînements hasardeux.
Somme toute, je n'ai pas du tout vu passer les presque 2h30 du film.
Du reste...
Le jeu d'acteur est largement criticable mais là encore, rien de neuf par rapport aux premiers films et je suppute que le cataclysmique doublage français y soit pour quelque chose dans ce cas précis.
Ce bémol est d'ailleurs en partie compensé par l'esthétisme de l'image.
Une ambiance fantastique omniprésente, servie par un très bon jeu de lumière, l'ambiance sombre est suffisamment subtile pour ne pas surcharger, suffisamment présente pour rappeler qu'on vit les pires heures de l'histoire des sorciers.
Des lieux anodins revêtent un aspect tout particulier fonction de la scène qui s'y déroule et/ou du vécu des personnages.
Mention spéciale à l'interlude du conte illustré par un film d'animation miniature, fort bien fichu ma foi.
On se prend, de fait, à chercher dans les décors ce qu'on ne trouve pas toujours au premier plan avec les acteurs principaux : de la profondeur.
Ceci étant, toujours dans l'optique de simplification évoquée plus haut, je suppose, certains choix deviennent franchement lourdingues.
Je pense tout particulièrement aux allusions "subtiles" au nazisme.
- brassards rouge
- rafles (oui oui, en français les petits groupes chargés de traquer les sorciers qui ne sont pas de sang pur s'appellent les rafleurs)
- Harry & ses amis qui écoutent la radio et ses messages de résistants
- toute la politique "sang-pur", la propagande etc
J'attends de relire le livre pour confirmer, mais il me semblait pas que c'était si évident et si pénible par écrit.
Il existe sans doute d'autres manières de faire passer le concept de persécution, bon sang !
Donc là-dessus clairement, des points perdus.
En résumé c'est un bon opus.
La séparation en deux films me semble plus que jamais judicieuse, et non pas -seulement- un bon filon commercial.
En attente de la 2ème partie pour un jugement définitif mais, d'ores et déjà, on est loin de l'atrocité précédente commise par Yates.