Voilà une œuvre qui fournit un merveilleux exemple à la pensée musilienne suivante : "La jeunesse surestime la dernière nouveauté, parce qu'elle se sent sa contemporaine. C'est pourquoi le mal est double quand celle de son époque est sans valeur." Et pour les moins vieux qui apprécient aussi ce très onéreux déchet, il faudrait m'expliquer !
Plusieurs fois m'est venue l'envie de jeter un sort interdit sur le grand écran. Étant bien éduqué et sournois, j'ai préféré rester maître de ma baguette en bois d'if et écrire une critique assassine. Pourtant cela ne suffit pas à rassasier ma soif de liquide des cavernes, et parcourant les forêts interdites et les cimetières d'Autriche, je rêve toujours de retrouver un Horcruxe laissé par Karl Kraus. Ce sage sémite est mort inécouté juste avant que Voldemort ne mette à exécution sa solution finale pour purifier la race des sorciers. Vraiment, je n'hésiterais pas alors à m'adonner à la magie noire pour lui rendre la vie tant la plume redoutée du phœnix et les pages noircies par la haine de la revue Die Fackel seraient ici nécessaires.
Étrange de voir un Harry Potter étonnamment subtil dans un film bouillonnant d'effets spéciaux industriels. La mort de Severus Snape aurait pu sauver le film des géhennes auxquelles je le voue sans remord. Étant l'attendrissement général qu'elle suscita dans une masse abrutie par les blockbusters (une masse d'ordinaire incapable dans son quotidien moldu de manifester de tels sentiments), on pouvait espérer une amélioration du traitement réservé aux enfants marginaux par leurs petits camarades jusque-là avides de moqueries sophistiquées. Inutile de préciser que le film ne fut pas sauvé.
Un seul regret naturellement, celui d'avoir regardé les huit derniers volets de la saga. Une question ouverte : comment ferme-t-on une fenêtre à huit volets ?