Sensation du Festival de Cannes en 2000 et beau succès dans les salles françaises (près de 2 millions d'entrées), le second long-métrage de Dominik Moll a le mérite de détonner dans la production française.
Fortement hitchcockien, le film installe une ambiance pesante et riche en mystère. Le spectateur se doute de quelque chose en voyant Harry (Sergi Lopez, césarisé pour l'occasion) de plus en plus présent dans le quotidien de Michel (Laurent Lucas), mais il n'aura le fin mot de l'histoire qu'une fois l'homme passé à l'acte.
Dès lors, ses revendications deviennent évidentes et l'homme savoureusement dangereux. Lopez campe un personnage fascinant, titillant l'intérêt du spectateur car ses intentions de base sont plus que louables. Le souci vient évidemment de leur exécution. L'acteur espagnol est parfait et impressionne face à un Laurent Lucas volontairement passif et ne voyant rien venir. Harry impressionne, s'impose, il est partout et nulle part et au final il réussit à avoir ce qu'il veut, quand il veut. C'est là où l'issue du film n'en devient que plus dingue : qu'importe ce qui arrivera, Harry aura gagné dans tous les cas.
Harry... n'est pas un film graphique, mais il réussit en quelques scènes à être parfaitement dérangeant, à l'image de cette scène en pleine nuit où Harry se met à hurler en continue. Comme quoi, l'horreur n'a pas toujours besoin de gore et d'aspects sordides pour exister, mais parfois juste d'un peu de mystère et d'une ambiance bien posée. Kimberly Peirce et Wentworth Miller ont bien essayé d'en faire un remake cette décennie, mais ils s'y sont visiblement cassés les dents.