Harry, un ami qui vous veut du bien par G_Savoureux
Il y a dans "Harry, un ami qui vous veut du bien" une forme de décalage, de retenue, de distance qui participe à la froideur générale de ce film.
Pourtant, rien ne nous est épargné pour mettre notre résistance à l'épreuve. Les premières secondes du film sont d'ailleurs très intéressantes à ce propos. Car contrairement à la grande majorité des films, on n'essaye pas, ici de nous faire entrer dans une complicité avec les personnages. Certes, la situation réaliste et crédible de la première scène pourrait nous faire réagir dans le sens d'une empathie envers ce couple et leurs trois enfants qui partent en vacance sous un soleil de plomb. Mais au lieu de cela, c'est comme si on faisait un pas de recul : pourquoi se donner tant de mal pour partir se détendre ? On continue d'ailleurs de se questionner sur les choix de nos protagonistes (une maison secondaire passablement délabrée, une voiture pas si loin de faire ses derniers kilomètres, un emploi du temps ingérable avec les grands parents), et ce, d'autant plus qu'entre temps arrive Harry, pour qui tout semble facile.
Mais pour autant, on ne parvient pas à suivre cet "intru", tant il paraît dès le début, déconnecté des réalités et des codes qui régissent les relations entre individus.
Malgré tout, c'est lui qui sera le noeud de l'histoire et qui la fera basculer dans la noirceur totale. Pris dans la spirale émotionnelle provoquée par Harry, on perd, nous aussi tout repère quant aux motivations et aux limites de ce personnage hors norme. Et cette manière presque dépassionnée de filmer et de jouer ne fait qu'ajouter à ce tableau déjà si sombre.