Si Intouchables m'avait touché, Hasta La Vista m'a complètement bouleversé, emporté. Le genre de film qui vous trotte dans la tête longtemps après son visionnage. Un road-trip scintillant qui vous fait passer par toutes les émotions possibles : on est gêné, on rit, on pleure, on a peur.
L'histoire de trois handicapés qui décident enfin de profiter de la vie. L'un est presque aveugle, l'autre est complètement paralysé, et le dernier est confiné sur une chaise roulante (on comprend vite qu'il est en phase terminale). Leur objectif : se dépuceler pendant qu'il en est encore tant. Une virée à travers la France et l'Espagne qui mettra en jeu leur amitié et leur différence. Alors oui, je vous l'accorde, tout cela fait un peu "piège à sentiments", mais il n'en sera rien, car le réalisateur a parfaitement calculer son coup.
Si le début impose des scènes un peu téléphonées, la magie opère dès que le voyage commence réellement. Et on ne quitte plus les yeux de l'écran tant la narration parait fluide, tant l'histoire est prenante, tant les dialogues sont savoureux et parfois crus, tant les acteurs sont merveilleux.
Si le film met en avant la sexualité chez les handicapés, il va aussi largement au-delà de ça : le regard de l'autre, la différence, la famille, les réflexions sur l'existence, la maladie, la pénibilité au quotidien, les remises en question, ect... Autant de thèmes pertinents qui dépassent largement le délire de départ : celui de se dépuceler en Espagne dans un bordel conçu pour les handicapés. Bien au contraire, l'essentiel est ailleurs et Geoffrey Enthoven l'a bien compris ; il nous transmet ses idées d'une formidable manière, sans effet et surtout sans surenchère.
Une claque comme on aimerait en recevoir plus souvent. Au final, Hasta La Vista est un très beau film, vraiment très beau, oui.