"Hatari !" est un film d'aventures tourné en 1962 par Howard Hawks dans la dernière partie de sa carrière, entre deux westerns "Rio Bravo" et "El Dorado".
En me penchant sur la fiche technique du film, j'ai découvert que le scénario a été écrit par une certaine Leigh Brackett ; cette dame, outre qu'elle a effectué divers autres scénarios pour Howard Hawks, est surtout connue pour plusieurs excellents romans de science-fiction comme, par exemple, "le cycle de Skaith"; Accessoirement, elle est aussi l'épouse d'un autre romancier de SF, Edmond Hamilton dont j'étais assez friand plus jeune (Les rois des étoiles", ...). Comme quoi le monde est petit ... et nous éloigne un peu de "Hatari !".
"Hatari !" qui n'a rien à voir avec la SF puisque raconte les aventures d'un groupe de chasseurs en Afrique de l'Est (Tanzanie) pour capturer vivants des animaux sauvages afin d'honorer des commandes de zoos de pays occidentaux.
La patte de Hawks s'abat sur le film dès la première séquence pré-générique en mettant en scène dans une immensité désertique un petit groupe d'hommes - joyeux - qui se lancent en jeeps à la poursuite d'un rhinocéros solitaire et dangereux. La scène tourne court suite à un grave accident concernant un des chasseurs. Le petit groupe d'hommes joyeux devient alors solidaire. Le ton du film est donné en soulignant les importants risques courus par ces hommes face à la nature sauvage. D'ailleurs le titre ne signifie-t-il pas danger en langue swahilie ?
Aussi le film sera une longue succession d'opérations de capture d'animaux de toutes sortes (zèbres, girafes, buffle, etc ...) filmées de façon spectaculaire avec un des chasseurs simplement assis sur un siège extérieur à l'avant d'un véhicule tentant de capturer au lasso les différents animaux. L'aspect documentaire du film le rend d'ailleurs très convaincant.
Mais le film ne se contente pas de ces opérations qui en définitive ne sont qu'un arrière-plan (de grand luxe) à d'autres scènes plus comiques et plus romanesques. En effet, l'intention de Hawks est de mettre en scène une bande de joyeux lurons en faisant jouer à chacun des personnages sa propre partition et surtout sa propre personnalité ; il y aura ainsi l'épisode de l'éléphanteau non encore sevré, sauvé par l'un des personnages et une armada de chèvres, l'épisode de la rivalité amoureuse de deux personnages, deux jeunes coqs, supplantés par un outsider qu'on n'aurait jamais donné gagnant, l'épisode des autruches qui ont quitté leur enclos, etc ...
Ce qui nous amène à parler des personnages.
Le premier d'entre eux, en tête d'affiche c'est évidemment John Wayne en chef de mission, inflexible et autoritaire mais pas le dernier pour aller boire un bon coup. Une carapace très dure qui entoure une âme de midinette dont, accessoirement, voudra s'emparer une dame.
Un des chasseurs nommé "Pockets" joué par Red Buttons, bien connu pour avoir été suspendu au clocher de Sainte-Mère l'Eglise dans "le jour le plus long". C'est le personnage comique de la bande qui paie pas de mine mais qui saura emballer la gentille Betty Delacourt au nez et à la barbe des deux jeunes coqs du groupe (beaux comme de jeunes dieux).
Ces deux jeunes coqs sont interprétés par Hardy Kruger et Gérard Blain. Un mot concernant ce dernier qui apparaît être à son arrivée d'une prétention et suffisance assez antipathique. Il sera surnommé "le Français". Je me suis demandé furtivement si cela faisait référence à la signification du mot french man dans certains pays (asiatiques en particulier) synonyme de arrogant.
C'est Michèle Girardon qui joue le rôle de Betty, fille d'un chasseur s'étant fait tuer lors d'une opération de capture d'un rhinocéros que la plupart ont vu grandir et devenir une femme. Son jeu est sincère et sympathique et, ma foi, très convaincant.
Et puis il y a le personnage joué par Elsa Martinelli ; elle joue le rôle d'une photographe qui débarque à l'improviste dans le groupe ; il lui arrive les mésaventures classiques d'un novice et pour ça il n'y a rien à dire car cela contribue à la dimension comique du personnage et du film et confirme qu'on ne s'intègre pas si facilement à un groupe déjà constitué et uni par les épreuves ; non, ce que j'ai trouvé très artificiel, c'est la romance qui s'établit, sur un coup de foudre, entre elle et John Wayne. Je pense que c'est un peu inutile d'autant qu'Elsa Martinelli aurait gagné à éviter les scènes de marivaudage qui sonnent assez faux et la desservent plus qu'autre chose.
La musique est assez sympa surtout lorsqu'elle accompagne les éléphanteaux à la recherche de leur "maîtresse" ou encore les mouvements erratiques des autruches sorties de leur enclos.
Au final, c'est un film qui se regarde avec plaisir au moins pour les splendides photos et scènes d'action spectaculaires. Je me demande si aujourd'hui on pourrait faire un tel film car j'imagine bien que les vegano-écologistes sans oublier les antispécistes (*) de tout poil trouveraient bien mille et une raisons pour s'y opposer.
(*) antispécistes ou spécistes car je n'ai jamais réussi à comprendre qui était qui.