Critique rédigée en avril 2017
Rarement attiré ou touché par les films canins (les quelques Claude Berri, Charles Martin Smith ou autre Boule et Bill vus en sont la preuve) en est parfaitement la preuve), c'est néanmoins avec peu d'aprioris que je me lance dans Hatchi, du danois Lasse Hällstrom, connu pour avoir réalisé deux films ayant révélés Johnny Depp: le sympathique et optimiste Chocolat et un autre plus grave, Gilbert Grape. Ce dernier rejoint le même genre qu'Hatchi, la tragédie moderne réussissant à allier humour, émotion et tendresse. Ne pensant pas pouvoir éprouver l'intensité des émotions que j'ai ressenties devant Gilbert Grape, ne raffolant pas spécialement les canidés et plutôt agacé par la notoriété du film que je pensais non-méritée, je ne pouvais donc pas aimer Hatchi.
Mais c'est à la fin du film que je me dis que j'ai vraiment des préjugés de ** !
D'une durée courte de 85 minutes, le film nous fait d'abord suivre la tendre histoire d'un professeur de musique, Parker interprété par Richard Gere qui, un soir trouve un akita inu semblant abandonné, nommé Hatchi. D'abord voulant lui trouver un autre maître, il finit par s'attacher à lui. Chaque soir ce dernier l'attend sur le quai de la gare et commence à se faire une réputation. Tout se passe bien jusqu'au jour ou son maître ne rentre pas... Hatchi se rendra ainsi tous les soirs à la gare pendant une durée de 9 ans.
Inspiré d'une célèbre histoire vraie datant de la première partie du XXème siècle au Japon, le réalisateur la transpose ici au goût du jour, l'histoire ne se déroule plus au Japon au début du XXème siècle mais aux Etats-Unis à la fin de ce même siècle), tandis que le film original, japonais, conserve le cadre spatio-temporel originel. Ce qui fait que ce film possède malheureusement un style moins personnel, un peu trop grand public, mais évite toutefois de tomber dans la mièvrerie ou la comédie familiale clichée et guimauve.
Sans m'être noyé dans mes larmes à la fin du film, on ne peut pas nier que le film est très émouvant:
la scène de la mort de Parker ainsi que celle d'Hatchi dans la neige à la fin du film sont très éprouvantes,
même si cette dernière montre surtout que la Mort a rassemblé le chien et son maître, et qu'Hatchi n'aura donc plus à l'attendre.
Enfin, Hatchi lui-même est le chien dont tout le monde voudrait avoir: déjà parce qu'il est mimi tout plein, mais il est rare au cinéma de voir un tel rapprochement entre le chien, héroïque à souhait et l'Humain, ce qui rend les deux personnages attachants et intéressants.
Si on raye le fait que la première partie du film contienne un peu trop de scènes fleur bleue qui seront inutiles par la suite, une seconde partie qui passe un peu trop rapidement et le manque de style propre il n'y a pas grand chose d'autre à retirer de ce film. Si le début du film commence avec une narration qui aurait pu devenir agaçante par la suite, elle ne reste heureusement que les 10 premières minutes, sinon le film se serait transformé en conte familial naïf et sans surprises. Un très beau drame à découvrir.