L'Angoisse de l'Incertitude La Certitude du Charme
Avant-propos : Critique proposée pour les quarts de finale de la coupe SC organisée par guyness. Défaite 32-16. Publiée dans le seul but d'obtenir d'éventuels conseils et remarques sur ce qui n'allait pas. Histoire d'avoir des retours un peu plus constructifs que des données chiffrées. N'hésitez pas à lâcher des commentaires tout en restant courtois, ça va de soi.
Comment se frayer un chemin parmi le flot d'exercices de styles élogieux et glorifiant, à priori étoffés avec talent ?
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu une sorte de méfiance inconsciente à l'égard des oeuvres anciennes, notamment celles antérieures aux années 50. Non pas que je sois insensible à la beauté des classiques et réfractaire à la beauté du noir et blanc, loin de là, en témoigne mon amour pour les vieux films noirs comme ceux de Billy Wilder, d'Orson Welles ou encore d'Howard Hawks. Mais pour la simple raison que je suis souvent inquiet pour la résistance à l'épreuve du temps. Malheuresement, on s'apercoit vite avec l'expérience qu'une subjectivité totale plane tristement sur cette notion.
Voilà près de 80 ans que sortait ce "Trouble in Paradise", sobrement traduit "Haute Pègre". Alors que le muet était indubitablement sur le déclin, le parlant faisait tout juste ses premiers pas dans le 7ème art. Privés de paroles et de dialogues, les auteurs de l'ère muette devaient redoubler d'efforts et d'inventivité pour se démarquer, intéresser et passionner le spectateur. Si l'arrivée du son est saluée par une forte augmentation de la fréquentation dans les salles, les réalisateurs et acteurs ne sont pas aussi enthousiastes que leur public. L'épreuve du microphone détruira bien des carrières, et la gestion de cette transition ne sera pas chose facile. Ce progrès technique anéantira de longues années de travaux acharnés pour faire du cinéma, un art à part entière.
Vous l'aurez compris, les années 30 marqueront une révolution majeure pour le 7ème art, à tous les niveaux. Alors que le parlant va rapidement conquérir le coeur du public, la décennie sera riche et diverse. Le cinéma va permettre à l'Amérique d'affirmer sa puissance avec le mise en place du fameux "star-system" et de "l'industrie du rêve", symbolisés par le tout-puissant Hollywood, qui domine une grande partie de la production cinématographique mondiale, encore aujourd'hui. Articulée autour de ses "majors companies" comme la Warner Bros. ou la 20th Century Fox, tout est contrôlé de la conception jusqu'au montage. Une codification précise se met un place et les films sont découpés en "genres" distincts. Ces genres ont des codes de déroulement techniques et artistiques, comme s'ils possédaient des cahiers des charges. Il y a la comédie musicale, le western, le thriller, le drame, le mélodrame, la fresque historique ou encore la comédie sophistiquée dont le maître à penser s'incarne en la personne d'Ernst Lubitsch. Il fait partie de ses grands cinéastes qui n'ont visiblement pas beaucoup souffert de la transition muet-parlant, à l'image d'un Fritz Lang.
Le cadre se situe dans la haute société, à Venise, la ville du romantisme, la ville des faux-semblants, la ville des masques. Un soir, un comte invite une comtesse dans une suite luxueuse. Cédant d'abord à la séduction courtoise et distinguée, l'amour naîtra véritablement entre les deux êtres, lorsqu'ils auront pris conscience de leurs natures et identités respectives. L'un est Gaston Monescu, un grand escroc international, l'autre est Lily, une jeune pickpocket. Ces voleurs chevronnés se transforment en duo diabolique, dans le but d'arnaquer la belle et richissime Mme Colet. Mais comme toujours, rien ne se passe comme prévu. Une nouvelle romance entre Gaston Monescu et Mme Colet s'immisce à l'intrigue principale. A coup de regards libidineux et désirs inavoués, la séduction fait rage entre les deux personnages malgré que certains portent des masques. Comment évoluera cette relation ? Et qu'adviendra-t-il de Lily ?
Inhérents à la haute société, les codes du paraître entravent-ils l'émergence et l'expression de sentiments sincères ?
Force est de constater que le long-métrage m'a semblé globalement assez inégal. Si plusieurs scènes frôlent le génie, les passages à vide sont nombreux. Mes réserves reposent surtout sur la résistance à l'épreuve du temps. Cahiers des charges de la comédie romantique obligent, la bande musicale m'a laissé un arrière-goût amer et agacant. Malgré quelques trouvailles qui se comptent sur les doigts d'une main atrophiée, l'ensemble est dominé par des airs monocordes classiques et insupportables.
Bien entendu, on sent que l'ombre du muet est toujours présente. Pas forcément judicieusement, le film réutilise toute la panoplie de bruitages et de gags sonores utilisés au temps du muet. L'expressivité des acteurs ainsi que leurs positionnements évoque facilement les grandes figures du cinéma muet, auxquels ont rendra hommage dans le récent "The Artist". Tout ça pour vous dire que la comédie romantique n'a jamais été mon genre de prédilection. Tout ça pour vous dire que c'est l'un des genres qui résistent le moins à l'épreuve du temps selon moi. La tolérance s'impose pour qui veut profiter du spectacle.
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours eu une sorte de confiance consciente, à l'égard des oeuvres anciennes notamment celles considèrées comme des classiques. Non pas que je sois toujours totalement conquis par ces oeuvres, loin de la, en témoigne mon antipathie regrettable pour le travail de Frank Capra. Mais pour la simple raison, que je suis souvent serein d'y trouver un charme irrésistible. Heureusement, on s'apercoit vite qu'une objectivité totale plane joyeusement sur cette notion.
Aux mouvements chorégraphiés.
Une magie envoutante.
Charisme, charisme.
Les interprètes resplendissent.
Aux accents savamment orchestrés.
Une classe envoûtante.
Finesse, finesse.
Les dialogues resplendissent.
Aux merveilleuses compositions picturales.
Une admiration envoûtante.
Plaisir, plaisir.
Les cadres resplendissent.
Aux empreintes visuelles incroyables.
Une captivation envoûtante.
De mon point de vue, sans doute pas à la hauteur des éloges captées ici ou là. Loin d'être exempts de défauts, ca reste un grand classique qui mérite largement le détour, ça c'est incontestable. Cependant, à voir dans de bonnes conditions.
PS : Ai-je fais trop de contextualistion ? Trop long ? Trop lourd ? Trop indigeste ? Trop informatif ? Manque de rythme ? Après tout, la coupe peut aussi servir à avoir des conseils pour améliorer ces textes, non ?