Pour ce nouveau projet, Netflix semble avoir réuni les meilleurs ingrédients pour réaliser un magnifique naufrage : la thématique de la drogue, une promesse d'une expérience spirituelle déjà dans le titre, une ribambelle de personnalités publiques pour la promo et une affiche reprenant les codes des festivals made in Live Nation, beurk !
Les ingrédients sont bien là, mais la recette a complètement été revisitée. Les codes du films documentaires sont chamboulés avec une multitude d'animations prenant une part quasi centrale dans la narration et des scénettes totalement loufoques comme celles des "Bad Trip" où l'on comprend que la drogue c'est mal ou "The more you trip" qui nous donnent de précieux conseils en cas de prise. Les récits des intervenant sont très bien amenés, parfois en reconstituant avec plein d'humour les situations vécues, parfois avec un motion design qui penche progressivement vers le psychédélisme... Bref, on est en roue libre.
Le côté mystique est privilégié au côté purement scientifique. Le film aborde rapidement les réactions du cerveau mais s'attarde davantage sur les questions de psychiatrie et de philosophie soulevées par les participants. Le but est ici de raconter les expériences de chacun, sans jugement. Le documentaire propose et questionne mais n'a jamais la prétention de donner de réponse. On assiste à des voyages singuliers vécus par des individus très différents, c'est délicieux mais on aurait aimé une bien plus grande diversité dans les personnalités présentées (80% d'hommes, 95% de blancs).
Bien que les psychotropes soient effectivement présentés sous des aspects positifs et négatifs, le propos final est sans équivoque et condamne très clairement la diabolisation des drogues. Les notions de bien et de mal ne sont jamais évoquées dans le film et les moments les plus précieux se trouvent au delà de cette dualité, dans les réflexions des intervenants mêlant ressentiment personnelle, contextualisation historique et philosophie indienne. Après tout, comme disait Albert Hofmann lui-même, que ce soit bien ou mal n'est pas vraiment la question. Finalement, tout dépend de la place que l'on donne au sacré n'est-ce pas ?