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Dans les pas de la valise d'Hector

Pour son premier film en tant que réalisateur et scénariste, le photographe Jake Gavin, nous livre un film drôle et émouvant, s'appuyant surtout sur la belle composition de Peter Mullan. Ce portrait d'un sans-abri évite le misérabilisme, en nous contant le retour à la vie d'un homme brisé.


Un plan large ouvre le film. La caméra surplombe un parking, elle suit le mouvement des gens et des voitures. On aperçoit un sapin sur le toit d'une voiture, un homme déguisé en père-noël, agite une clochette et une femme ballade son chien. L'endroit est vivant à l'approche des fêtes. Hector (Peter Mullan) arrive à son tour, se dirigeant vers la cafétéria en s'aidant de sa béquille. C'est un sans-abri, il vit dans l'arrière-cour de ce lieu avec Jimbo (Keith Allen) et Hazel (Natalie Gavin). Cela fait 15 ans, qu'il vit dans la rue, mais il n'oublie pas de faire sa toilette et de prendre soin de lui. On aperçoit une alliance à son doigt. On se demande quel est son parcours, quelles sont les raisons qui l'ont amené à choisir la rue. Il trimbale sa valise avec lui, de peur de la perdre. Il y a les souvenirs d'une autre vie à l'intérieur, c'est son dernier lien avec celle-ci.
Son pouce est son moyen de transport. Il peut compter sur la bienveillance des routiers et sur son gilet orange, semblant être un clin d’œil au film de Ken Loach, The Navigators. Hector doit se rendre à l’hôpital pour passer des examens. Il en sort affoler. Cela va lui servir de déclic pour reprendre contact avec sa famille. Mais après une si longue absence, les retrouvailles ne vont pas être des plus faciles.


Un conte de noël. C'est un film léger, où la plupart des gens sont aimables envers les sans-abris. Bien sur, on va croiser quelques êtres dit "humains", sans que cela soit trop violent. La rue ne semble pas si dangereuse. De toute façon, il y a toujours un ange gardien dans le coin. Mais là n'est pas vraiment le propos du film. Il n'a pas pour ambition de parler des conditions de vie de ces gens en rupture avec la société. C'est surtout un tendre regard sur un homme.
Peter Mullan est de tout les plans. On est rapidement conquis par ce personnage, comme le sont les gens qu'il va croiser, lors de ces divers périples pour rallier Glasgow, puis Londres. Il faut dire que son visage inspire confiance. Il prend soin des "siens" et a toujours un mot agréable pour chacun. On se dit que cela pourrait être n'importe lequel d'entre-nous. On a envie de le connaitre, d'en savoir plus sur lui. Mais il ne parle pas de lui. On sent sa douleur, ce secret qui le bouffe depuis des années. On est ému lors de ses retrouvailles avec son frère Peter (Ewan Stuart). Mais jamais le film ne sombre dans le pathos. Il est constamment sur la corde raide et peut à tout moment tomber dans la facilité, tant les occasions sont nombreuses de nous arracher une larme.


Le talent de Peter Mullan. Il porte le film avec ce rôle taillé sur mesure. La caméra le suit dans ses multiples voyages. Elle se colle à lui, à son visage. Le monde est flou autour de lui. Il avance seul, parfois avec l'aide d'inconnus où de connaissances. On est en empathie avec lui. On se demande où tout cela va nous mener. On a un peu peur de le perdre, de ne pas le voir se réveiller. On s'inquiète quand il a du mal à reprendre son souffle, où lorsqu'il fend la bise à l'arrière du vélo de son frère. On rit et pleure face à cet homme.
On ressent sa solitude. Pourtant, il est souvent entouré, mais au travers de son rapport avec la responsable du refuge, Sara (Sarah Solemani). On s'aperçoit que personne ne le connait, mais que cela va malheureusement dans les deux sens. En renouant le contact avec sa famille, il va se retrouver face à ceux qui connaissent le drame qui a brisé sa vie, tout en ne comprenant pas comment il a pu se retrouver dans la rue. Mais les liens du sang semblent plus fort que tout, que le temps qui passe et des drames qui s'y jouent.


Un beau film, élégamment mis en scène. Cela manque un peu de consistance et d'originalité. Mais on prend du plaisir à suivre cet homme. Sa traversée du Royaume-Uni est plaisante, tout comme la découverte de divers personnages. On passe un agréable moment et on ne passe pas loin de la petite larme, mais aussi de l'éclat de rire.

easy2fly
7
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le 5 janv. 2016

Critique lue 470 fois

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Laurent Doe

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