Intimité d'un monstre

Himmler fut l'un des monstres sanguinaires les plus atroces du régime nazi et de tout le XXème siècle. Commandant des SS et de la police, il avait à ce titre la responsabilité de la répression des opposants au régime nazi, puis ensuite le fonctionnement des camps de concentration, et enfin la mise en oeuvre de la solution finale.
Le film passionnant de Vanessa Lapa choisit d'évoquer l'histoire d'Himmler et son ascension auprès d'Hitler à partir de la correspondance dites par des voix off et des archives qui ont été recueillies dans la maison d'Himmler en 1945 et qui constituent la trame de ce film, faisant ainsi contraster une intimité plan-plan de bon père de famille bavarois et une action infâme de bourreau nazi.

C'est donc un petit bourgeois conservateur, nationaliste et souffreteux qui débute dans la vie, ingénieur agronome fade et sans envergure qui décide de s'investir dans le parti nazi et prend peu à peu la direction des SS, dans une loyauté sans faille vis-à-vis d'Hitler. Sa vie conjugale ordonnée et sans relief fait écho aux convictions qui sont les siennes : nationalisme, supériorité de la race blanche nordique, mais tout cela avec une forme "décente" qu'on ne soupçonnerait pas chez un tel adepte de la barbarie. Attentif à ses enfants, surtout sa fille, à sa femme, puis à sa maîtresse, sa correspondance élude les atrocités commises, ou plutôt y fait vaguement allusion avec des formules générales ("nous serons sans pitiés pour les ennemis de l'Allemagne"). Les effusions affectives d'Himmler vis-à-vis de sa famille illustrent les images d'archives parfois d'une grande violence (exécutions, charniers, etc.).
C'est l'ambivalence des personnalités que nous donne à voir la réalisatrice, ambivalence bien connue chez les plus grand tyrans et meurtriers de l'Histoire, dont les biographes et historiens nous ont montré qu'elle existait chez Hitler, Staline, ou Enver Hoxha.