En 1987 débarquait « Hellraiser : Le pacte » de Clive Barker, figure emblématique du splatterpunk, qui adaptait pour la première fois un de ses propres roman. Malgré d’évidentes faiblesses inhérentes à ce type de cinéma, notamment dans la mise en scène et dans la direction d’acteur parfois inégale, l’univers développé suscitera les fantasmagories et créera un véritable engouement autour du film. Entre torture sadomasochiste et cauchemar horrifique, Clive Barker va encrer les cénobites et le cube-puzzle dans le mythe populaire du cinéma de genre. Et comme pour tout succès critique de l’époque, le film va devenir une franchise, avec ses réussites et surtout ses échecs.

Dès 1988, dans un contexte toujours prolifique pour l'horreur et le fantastique, va sortir « Hellraiser II : les écorchés ». Adoubé par Clive Barker pour son aide continue lors du tournage de « Hellraiser : Le Pacte », Tony Randel à la lourde tâche de lui succéder. Au même titre que « Halloween II » de Rick Rosenthal l’était pour le cultissime « La nuit des masques » de John Carpenter, il s’agit ici d’une excellente séquelle directe du premier opus.

Le respect de l’univers et de l’atmosphère créée contribua énormément à la réussite formelle de cette suite. Évitant les pièges tendus par une narration trop explicative qui démystifierait les enjeux en désamorçant l’effet de peur, le long-métrage propose une escalade dans la violence la plus extrême. Pourtant Tony Randel prend le temps de développer la franchise en évoquant les origines des cénobites, et plus particulièrement de leur leader, le charismatique Pinhead, qui en devient même touchant à certains moments. La version uncut, indispensable pour apprécier le métrage dans sa globalité, nous convie à de nombreuses scènes gore bien senties et plus viscérales les unes que les autres dévoilant une indéniable exhibition ostentatoire de la douleur.

Au niveau du mythe, la nébuleuse qui entoure les serviteurs du Leviathan, seigneur de la faim, des désirs et de la chair, reste énigmatique grâce à un savant dosage entre le développement d’un enfer labyrinthique et tortueux et une présence en second plan de ses démons infernaux adeptes de la torture sadique et des sévices sexuels. Néanmoins, on pourra arguer que du point de vue graphique, si le concept de l'hellraiser reste efficace dans sa symbolique, la représentation éprouve des difficultés à convaincre avec le poids des années.

D’un amour totalement dévoué voir fétichiste pour son personnage, Doug Bradley reprend ici son rôle iconique et glacial de Pinhead, dont les monologues poétiques viennent renforcés l’image du cénobite et la solidité du récit. Le bestiaire, riche et varié, quant à lui, continue d’alimenter les esprits et contribue un peu plus à cimenter les deux premiers films dans l’imaginaire collectif. A l’instar de « Halloween » ou « Les griffes de la nuit », par la suite la franchise subira malheureusement les affres des producteurs et perdra inévitablement de sa superbe.

DBH
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Les meilleurs films d'horreur des années 1980

Créée

le 23 oct. 2023

Critique lue 257 fois

DBH

Écrit par

Critique lue 257 fois

D'autres avis sur Hellraiser II : Les Écorchés

Hellraiser II : Les Écorchés
Libellool
9

Les couloirs de l'angoisse

Les Écorchés est la suite directe du premier volet d'Hellraiser. Donc si vous avez déjà vu Le Pacte, je ne saurais que trop vous le recommander puisqu'il apporte une vraie conclusion aux mésaventures...

le 8 avr. 2015

15 j'aime

4

Hellraiser II : Les Écorchés
Zogarok
10

Le Nirvana glam gore

Hellraiser II n’est pas parfait, juste miraculeux. Il flirte avec la perfection, l’embrasse à plusieurs reprises, commet quelques fautes de goûts aussi délectables que ses exploits les plus...

le 8 déc. 2014

15 j'aime

Hellraiser II : Les Écorchés
HITMAN
6

Léviathan.

Clive Barker cède la réalisation de cette suite directe à son assistant le cinéaste Tony Randel (Les Enfants des ténèbres, Ticks) également monteur, l'écrivain tourmenté reste cependant producteur...

le 23 nov. 2019

10 j'aime

4

Du même critique

Il était une fois dans l'Ouest
DBH
10

Au crépuscule des hommes...

Deux ans seulement après l’énorme succès du magnifique « Le bon, la brute et le truand » qui offrit les plus belles lettres de noblesses au western spaghetti qu’il avait initié, l’immense Sergio...

Par

le 7 juin 2022

2 j'aime

Le Crocodile de la mort
DBH
6

Légende du bayou

Après l’expérimental « Eggshells » en 1969, Tobe Hooper va exploser aux yeux du monde avec le cultissime « Massacre à la tronçonneuse » en 1974. Électrisant les foules, traumatisant des générations,...

Par

le 25 août 2017

1 j'aime

Santa Sangre
DBH
9

Symphonie de l'absurde

Véritable délire onirique émaillé de logorrhées artistiques, « Santa Sangre » d'Alejandro Jodorowsky propose de voyager tambour battant dans un tourbillon de démence à travers différents portraits...

Par

le 17 août 2017

1 j'aime