Sans doute le film le plus célèbre du confidentiel John McNaughton. D'emblée la bobine annonce sa couleur cinématographique : il s'agira d'une fiction alimentée d'évènements réels, autrement dit d'un récit hyperréaliste rappelant parfois le cinéma documentaire.
Clairement orienté "horreur" Henry, portrait d'un serial killer est le strict récit de son intitulé ; peu ou prou de causalité dans les faits relalés, très peu de rebondissements narratifs... cette ténuité scénaristique, au diapason d'une mise en scène à la fois précise et anti-spectaculaire, participe au malaise indiscutable d'un film tout sauf confortable. Et de fait : pas un seul lieu qui ne soit imprégné de poisse et de sordidité, pas un personnage qui ne soit existentiellement minable et misérable. Tout, dans Henry, transpire l'insanité et la perversion.
La réalisation, bien qu'assez discrète dans ses effets, s'avère remarquable ; on distingue notamment une utilisation pléthorique du zoom au gré de nombreuses séquences, suggérant brillamment le détachement émotionnel du protagoniste ( le procédé formel sus-cité n'est ni plus ni moins qu'une manière de s'approcher d'un sujet donné sans pour autant se déplacer physiquement, procédé évoquant dans le même temps la dimension voyeuriste inhérente aux thématiques dont il est ici question...). Les cadrages, admirables, mettent régulièrement en valeur des intérieurs paradoxalement déliquescents, craspec, à l'image du trio de personnages représentés.
Froid, clinique, ce film à l'esthétique fauchée montre un anti-héros à la logique délirante, au passif finalement assez peu développé par le réalisateur : davantage que la psychologie du tueur c'est la dramatisation de ses méfaits qui intéresse John McNaughton, qui accouche avec Henry d'un formidable équilibre entre forme et contenu cinématographiques. Glauque mais référentiel.