Après Dans la peau de Jon Malkovitch et Adaptation, deux films de Spike Jonze qui m'ont marqué, Her vient compléter le trio. Pour son nouveau film, l'ancien réalisateur convoité des stars de la musique met en scène l'extraordinaire Joaquin Phoenix dans le rôle d'un homme au coeur brisé qui trouvera du réconfort dans la proximité d'une... intelligence artificielle. Si le film nous confine dans la bulle du personnage de Theodore Twombly, faisant presque passer Los Angeles pour une ville fantôme exempte de bruits, la solitude de ce rédacteur de lettres transpire à travers chacun des plans jusqu'à l'arrivée de Samantha, cette "femme" de poche. Et sous les traits d'un Joaquin Phoenix tout en nuances, Spike Jonze nous prend d'abord au piège de cette technologie qui nous déroute, nous afflige mais rend notre Theodore si heureux. Avec une douceur, une intimité et toutes les étapes d'une véritable relation amoureuse, il nous questionne sur un futur proche (où un présent anticipé) où les technologies actuelles faites de "bots" et autres intelligences artificielles sont bien présentes mais encore distantes du grand public. Un film sympathique, à la fois touchant et perturbant, doux et caustique, qui nous bluffe par son anticipation quasi-installée et par ce traitement sans aucun parti-pris. Spike Jonze se pose en conteur, non en donneur de leçon et, il dresse le constat d'un monde. A nous de voir si nous sommes prêts à l'accepter.