Dans un (très) proche futur d'une L.A. désincarnée, Théodore digère mal son divorce, la solitude l'accompagnant, bref, il déprime. C'est alors qu'il fait l'acquisition d'un OS dotée d'une conscience, affublée d'une voix féminine... Samantha. Bienvenue, spectateur voyeur, dans l'écoute de leurs échanges, de leur intimité naissante...
Her, c'est un film qui réussit avec justesse le mariage de la science fiction telle qu'on aimerait la voir plus souvent (vous savez, celle qui se dispense de vaisseaux spatiaux CGI protubérants, d'explosions lasers et de scénarios prétextes) et de la comédie romantique douce amère. Après tout, si de prime abord le fan d'anticipation se délecte de l'univers d’hyper-connectivité déployé, il finit par se laisser aller à savourer une histoire d'amour aussi jolie et tortueuse que banale... Ce n'est que lors d'une conclusion qui négocie bien son virage que la SF reprend son emprise sur une intrigue maîtrisée de bout en bout.
La forme aboutie (prise de son, musique, cadrage, photographie, etc) et pleine de délicatesse de Her parvient à donner une certaine légèreté à son fond, qui frôle pourtant plusieurs fois l'excès de pathos du fait des thèmes abordés. Joaquin Phoenix - de facto omniprésent à l'image - est excellent, et je n'ai jamais trouvé Scarlett Johansson plus agréable que dans ce film. Sacré tour de force de sa part de faire résider tout son charme dans la texture de sa voix.
Her m'a doublement séduit. Grâce à ce futur proche terriblement crédible déployé et toutes les questions qu'il entraîne d'une part, sa réflexion sur ce qu'est le sentiment, l'attachement, la solitude et les liens entres les êtres d'autre part. Une réussite.