Dans un futur proche et familier, les technologies ont progressé et proposent des possibilités séduisantes, tel des jeux holographiques avec des personnages interactifs ou lire ses mails par simple commande vocale, mais elles amènent aussi d’avantage de solitude. La solitude, Theodore la connait bien puisqu’il se remet à peine d’une rupture. Blasé, il est depuis incapable de se lier à d’autres personnes et a tendance à fuir la réalité. Son métier : il écrit des lettres pour d’autres personnes, vivant par les yeux des autres. Une entreprise surfe sur ces nouveaux besoins affectifs et a crée de tous nouveaux systèmes d’exploitations, des IA capable d’interagir avec des humains et d’évoluer en fonction des échanges. D’abord sceptique, Theodore finit par s’attacher à cette étrange individu. Très rapidement, il découvre que « Samantha » est bien plus qu’un programme informatique et se comporte comme une vraie personne. Du moins une personne avec des capacités décuplées, capable de lire un livre en quelques secondes ou d’apprendre toute seule à jouer du piano. En contact en permanence, l’enthousiasme de Samantha, son regard neuf sur le monde, amène Theodore à reprendre goût à la vie. Un lien fort se noue entre les deux êtres, aussi émouvant et romantique que s’il s’agissait de deux êtres de chair, dépassant les frontières physiques.
Mais malgré tous ces bons côtés, ce rapport n’évite pas un écueil propre aux relations : les deux êtres évoluent chacun de leur côté et il est difficile alors de conserver le même attachement. Surtout que par sa nature numérique, Samantha développe des capacités de perception supérieure à l’être humain…

Si Joaquin Phoenix interprétant Théodore n’a pas une belle gueule digne d’Hollywood, il est touchant de sincérité. Et la voix charmante de Scarlett, tantôt innocente tantôt espiègle, suffit à la rendre présente malgré son absence physique. Par une musique discrète, des plans soignés, que ce soit dans une forêt de gratte-ciel ou dans des bois enneigés, les instants où les deux êtres se découvrent et évoluent grâce au contact de l’autre sont magnifiques, empli d’une certaine grâce. Parvenir à rendre crédible et attachante cette relation n’était pas évident, et « Her » y réussit haut la main.
Je craignais que l’histoire finisse assez mal, qu’elle soit le prétexte à une mise en garde contre la technologie virtuelle, et qu’à la fin Théodore soit forcé de mettre fin à leur relation. Non que je rejette cette vision comme le l’explique après (j’ai d’ailleurs adoré black mirror), mais cela aurait gâché une histoire si émouvante. Et heureusement ce ne fut pas le cas. Le film finit ainsi de manière satisfaisante et cohérente.

Une relation entre deux personnes de chair n’aurait été qu’une comédie romantique parmi d’autres, en montrer une avec un être virtuel amène une fascinante réflexion sur la technologie et notre rapport à elle. De nos jours, les technologies de communication sont souvent montrées du doigt, par leur emprise de plus en plus grande dans notre vie quotidienne, notamment chez la nouvelle génération, par l’addiction qu’elles provoquent et une espèce de bulle qui nous isole des autres. « Her » dévoile bien ces problèmes, mais sans rejeter en bloc cette technologie (tendance que je déplore un peu), puisqu’elle montre bien toutes les possibilités qu’elle peut offrir pour améliorer nos conditions de vie. Alors oui cela incite à fuir la réalité, et tôt ou tard il faut l’affronter. Oui cela peut se substituer au réel et provoquer d’avantage de solitude. Mais cette technologie peut aussi combattre cette même solitude, surtout dans certaines conditions (rupture difficile), et apporter une aide pour régler nos problèmes existentiels. Au final « Her » ne prend pas position sur ce débat, il se contente de montrer, c’est au spectateur de se faire sa propre idée.

Comédie romantique qui ne ressemble à aucune autre, mise en scène magnifique, presque un film d’auteur, anticipation, séduisante réflexion sur la solitude et la technologie loin des critiques habituelles, « Her » a tout d’un grand film, j’ai presque envie de crier au chef-d’œuvre (scandaleusement ignoré par certains pathé…), que je recommande pour toutes personnes intéressées par la science-fiction, sensibles, romantiques, ou familiers de la solitude. Bref à tout le monde. En ce nouveau millénaire qui s’annonce, ce film devrait être incontournable !
Enlak
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le 9 mai 2014

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