Une claque? Quelle claque?
On m'a vendu ce film comme une claque. Un film qui vous marque. La bande annonce me faisait languir, j'avais tellement envie de le voir, de l'aimer. C'est pas faute d'avoir voulu adorer, d'en faire un de mes films préférés, un film culte, qui reste dans les mémoires. J'ai tout tenté. J'ai été le voir deux fois. J'ai cherché tous les points positifs, tout ce qui ferait de ce film LE film de l'année. Mais merde, je n'y arrive pas. Il est bien, sans plus quoi. Et pourtant, je voue un culte à Spike Jonze depuis Dans la Peau de John Malkovich, ou même Adaptation. ça me fait presque mal au coeur de ne pas m'emballer plus que ça pour Her.
Parce que le truc, c'est que je ne ressens rien en le voyant. C'est peut-être moi le souci, mais je n'ai aucune empathie pour le personnage de Joaquin Phoenix. Je n'arrive pas à accrocher. Alors que merde, c'est quand même de Scarlett Johansson dont il tombe amoureux, et même si ce n'est que de sa voix, c'est pas une meuf lambda. Je dis pas, les personnages sont très bons, les acteurs aussi, le scénario pas mauvais, mais c'est peut-être l'atmosphère qui met trop de distance entre leur histoire et moi-même.
Le côté futuriste du film, aseptisé, trop propre, me fatigue, agit en barrière. Peut-être ai-je du mal avec les évolutions technologiques, ce sentiment d'être dépossédé du lien avec les gens, le touché. L'impression que tout nous échappe, même les individus qui ne deviennent plus que des numéros sur un téléphone, un contact sur messenger. L'impression que chacun vit dans sa bulle, et peut vivre dans sa bulle sans jamais avoir besoin de retrouver la vie réelle.
C'est d'ailleurs peut-être ce moment du film qui sauve le film, qui fait que je l'aime, quand même un petit peu, ce moment où l'OS s'en va, et laisse Joaquin Phoenix et Amy Adams se découvrir, se redécouvrir, de comprendre que ce qu'ils avaient besoin, c'est de l'un l'autre, mais que pour ça, ils avaient besoin de toucher le fond, de réapprendre à aimer, de savoir qu'ils pouvaient aimer à nouveau. Mais ce moment n'est pas sans poser un nouveau souci, celui de faire des OS des intelligences artificielles qui nous veulent du bien, qui sont là pour disparaître une fois leur tâche accomplie.
Bref, ce côté tout est bien qui finit bien, je surkiffe pas! Je veux du cynisme, de la tristesse, du mal être, et ce, jusqu'au bout. Peut-être que je n'ai pas envie que les gens soient heureux dans ce film. Peut-être que j'aurai préféré qu'ils s'enfoncent, qu'ils ne se relèvent jamais, ou pas comme ça. Ou peut-être que le problème, c'est moi, et c'est tant pis :) D'ailleurs, je me rends compte que dans cette critique, plus que de parler du film, je parle avant tout de moi (oui je découvre ça que maintenant, après une dizaine de critiques écrites), mais c'est probablement le cas de la plupart des critiques, on se positionne toujours par rapport à sa vie, à son positionnement sociale, à son habitus, à son mode de vie.
Enfin bon, il faut conclure (malheureusement). Je dirai donc qu'il faut aller voir ce film, parce que si j'ai été si dur, c'est surtout par déception, mes attentes étaient si hautes que de descendre le film pour les autres ne pourra, je l'espère, que vous faire l'apprécier davantage. Mais bon, c'est ici croire que ma critique aura cet impact... serais-je si présomptueux? Hummm y'a des chances.