Her de Spike Jonze bénéficie d'un pitch pour le moins intriguant "un homme tombe amoureux de son OS". Spike Jonze n'est pas à son premier essai dans le conte philosophique incongru. Mais Her n'est pas tout à fait le coup de maitre de "Dans la peau de John Malkovich". Bénéficiant d'une très belle photographie et mise-en-scène, pourtant rendue complexe par l'absence physique de Samantha, Spike Jonze filme principalement un Joaquin Phoenix au sommet de sa forme et l'outil de sa relation amoureuse (une espèce de smartphone, et une oreillette). Samantha héroïne donc désincarnée si ce n'est par ces artifices électroniques est brillamment interprétée par Scarlett Johansson. Spike Jonze a fait là un excellent choix ; sa voix est tellement riche d'intonations et tellement porteuse d'émotions (autrement dit, ce film ne doit être vu qu'en vo). Le choix de Scarlett Johnasson est aussi lié à ce que nous visualisons immédiatement son physique. Ainsi les dialogues entre Samantha et Theodore semblent d'autant plus naturels, plus vivants, on peut imaginer Samantha (sous les traits de Scarlett Johansson) juste à côté, et cela permet aussi de ressentir plus fortement le malaise de Theodore lors de cette "partie à trois" avec cette femme qui n'est pas Scarlett Johansson, donc pas Samantha.
Ce films nous questionne donc sur la nature de l'amour, de la conscience, de l'évolution, des relations réelles et de celles issues de ce monde "connecté", mais ne va peut être pas assez loin. Il y avait tant de promesses dans ce pitch que finalement je reste un petit peu sur ma faim.
Un très bon film : intelligent, beau, touchant, porté par d'excellents acteurs (Joaquin Phoenix, Scarlett Johansson, Amy Adams) et une b.o. très agréable et très adaptée signée Arcade Fire.