Her est bien plus qu'une histoire d'amour 2.0. Car si l'histoire se passe dans un futur proche, c'est seulement pour rendre le film plausible. C'est seulement pour permettre une intelligence artificielle bien plus proche de l'humain que de la machine. C'est pour aborder le vrai sujet du film.

Her un véritablement questionnement : celui de la place du corps dans l'amour. Pour Theodore, le corps n'a pas d'importance. Son métier, son bonheur, c'est d'écrire des lettres d'amour pour les autres. Il ne touche jamais les corps, mais ça ne compte pas. Les mots, il n'y a que ça. Alors aimer un système d'exploitation n'est pas problématique pour lui. Ainsi le film supprime la dichotomie entre virtuel et réel : tout est les deux en même temps. Tout est la dualité, toujours.

Dans ses magnifiques couleurs pastels et ses superbes flous, ce film à l'esthétisme ultra léché vient donner un coup de pied dans nos comportements sexuels actuels : est-ce plus important une partie de jambe en l'air avec un corps merveilleux ou avec des mots, des pensées, des attentions que l'on comprend ? Her donne sa réponse, à nous de trouver la nôtre pour savoir ce qui nous rendra le plus heureux.

[SPOIL]
Mais Her ne s'arrête pas là dans la remise en question du fonctionnement de "l'amour" au XXIème siècle. Il parle aussi de polygamie. Car l'avantage du numérique est bien la multiplicité : un système d'exploitation peut parler à des milliers de personnes en même temps et ainsi en aimer des centaines. Mais la pensée occidentale de l'amour ne peut pas l'accepter sans qu'il n'y ait souffrance. Là est tout le tragique de l'amour entre l'Homme et la machine : nous sommes des individus, pas elle. Elle peut se diviser, pas nous. Là est la seule différence montrée dans Her, mais c'est bien la plus importante, celle qui mène à la mort implicite de tous les protagonistes.
EdouardWDebbie
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le 13 mai 2014

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EdouardWDebbie

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