Je ne suis pas spécialement fan de Spike Jonze, mais je dois bien avouer que Her ne manque pas de charme. Un film qui a de l'ambition, déjà ça me plait : le réalisateur propose un univers très particulier, où la couleur blanche, signe de pureté et de sobriété, s'impose à nos yeux. De la Science-Fiction sans vaisseaux spatiaux, voitures volantes ou autres (insérez les millions de possibilités), ça fait plaisir !

Le pitch, lui, est aussi fort intéressant, même si Spike n'invente rien : un monde où nos communications, émotions et sentiments sont factices et ne sont pas transmis d'humains à humains, mais de humains à intelligences artificielles (nommées très simplement "OS" dans le film). Le métier de notre personnage principal, d'ailleurs, en dit long. Tout comme les effets de caméra, qui use et abuse de gros plans, isolant ainsi toujours plus notre héros du monde qui l'entoure. Bref, le message est clair : nous, pauvres humains, nous nous coupons du monde extérieur, et devenons dépendants de toutes ces machines sans âme.

Sans âme ? Pas tout à fait justement : plus le temps avance, et plus le film devient troublant. Au fur et à mesure que Samantha apprend à connaître Theodore, elle devient de plus en plus humaine, elle se met à ressentir les choses, à avoir un cœur, et mieux encore : une conscience.

Et ma petite déception est justement ici : le film met beaucoup trop de temps à démarrer. La première partie, celle de la rencontre, où nos deux tourtereaux font connaissance, est très bavarde et n'offre rien d'autre qu'une banale comédie romantique. On a presque l'impression d'être face à un simple coup de téléphone entre deux inconnus. Rien de bien passionnant donc.

Le réalisateur prend vraiment les choses en main lors de la deuxième partie, lorsque Samantha se met à réclamer un corps de substitution : cette scène met le spectateur vraiment mal à l'aise et en dit long sur la démarche proposée. Une relation qui se pervertit et qui repousse toujours plus loin les possibilités offertes par la haute-technologie. Le film est enfin lancé et dépasse son simple statut de comédie romantique. Spike Jonze sauve donc de justesse son film de la mièvrerie la plus basique et parvient à retenir notre attention jusqu'à la fin. Une fin par ailleurs un peu bancale et sans grand intérêt, histoire de plaire au plus grand nombre.

Un univers cohérent, un pitch intéressant car toujours plus d'actualité, mais un déroulement pas toujours irréprochable, notamment dans les choix opérés qui manquent parfois d'ambition : cependant, "Her" sort suffisamment de l'ordinaire pour retenir notre attention et devenir un film "à part".

P.S : Je ne l'ai pas évoquée dans cette critique, préférant garder le meilleur pour la fin, mais bon sang, la voix de Scarlett Johansson est encore plus sensuelle sans la présence de l'actrice à l'écran. Le genre de voix à laquelle on pourrait rester accroché des heures et des heures, quand bien même cette voix viendrait à nous parler de politique ou des derniers chiffres du CAC40.
badgone88
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