Un concept à l'américaine, avec un pitch condensé en une phrase: Et si Siri, le programme chercheur parlant d'Apple, pouvait avoir des sentiments ? C'est de cette petite interrogation toute simple que Spike Jonze en a tiré son long métrage. Scénario tout simple, mais qui implique de ce fait une foultitude de questions qui regroupe tout un tas de questionnement qu'on pu déjà développer des films, mais aussi des écrivains comme Isaac Asimov (dont l’œuvre a été adapté sur ce thème dans le film d'action I Robot).
Des thèmes déjà abordées donc, mais ici d'une toute autre façon. Et si un homme tombait amoureux d'une âme ? D'une voix, d'une idée, d'un caractère qui ne possède aucune existence physique ? Jonze nous expose l'amitié, qui se transforme en amour, qui se développe, qui passe par tout les états, qui se retrouve confronté par les limitations physique, qui fait face à la jalousie. Le scénario passe par toutes les étapes classiques d'une histoire d'amour cinématographique. Et là est finalement toute l’intelligence et le questionnement de ce film: l'amour peut-il s'affranchir du contact physique et se satisfaire d'une relation intellectuelle ? Le personnage interprété par Joachim Phoenix se le demande, ses proches s'interroge, et par extension nous aussi. Mais jamais nous n'aurons une réponse précise, car au final, c'est à chacun de juger si cette relation est saine ou non.
Coté réalisation, on se retrouve au final face à un dialogue entre Théodore (Joachim Phoenix) et Samantha (Scarlett Joahnsson), et les interventions sporadiques de l'ex de Théodore (Rooney Mara) et sa voisine-meilleure amie (Amy Adams). On a donc un long-métrage qui tiens quasi uniquement sur la présence physique de Phoenix et la performance vocale envoutante de Scarlett Joahnsson. Et ça marche. On est fasciné (je suis un homme) par cette voix charmante, drôle, intelligente et perspicace. On est sous le charme comme l'est Théodore. Mais est-elle programmée pour ça, ou est-elle sincère ? Le film arrive à nous faire poser des questions, et nous fait petit à petit oublier le statut purement numérique de Samantha. Jusqu'à nous le rappeler. En tant qu'homme, on se substitue à Théodore, et de ce point de vue là, le film est réussi.
Après, il reste limité, car il ne cherche à aucun moment d'aller plus loin que l'histoire d'amour "classique", pour bien nous rappeler que l'amour reste un sentiment qui s'attache à ce qui fait l'humain. Donc jamais de grands questionnements ou des situations utopiques typique du genre. Au final, Spike Jonze reste classique, tout en bousculant clairement le spectateur. C'est bizarre, c'est intelligent, ça fait réfléchir sur ce quoi va l'amélioration technologique. C'est aussi tout simplement un beau film, avec un futur tout à fait crédible et très proche. Le pitch restera utopique encore dix ans tout au plus. Et encore, est-il encore utopique ? On a bien déjà des hommes amoureux d'objets qu'ils fantasment. Ou de l'amour à distance, via les nouveaux programme de conversation (Skype). Il n'est donc pas si fantasmé que ça ce pitch. Il pose de vrais questionnements sur l'amour. Et c'est à ca qu'on reconnait un bon film: c'est un film qui donne de la discussion en sortant du visionnage. Pari réussi pour Spike Jonze.