Succès phénomène l'an passé, Her promettait une intrigue originale découlant de l'imagination de Spike Jonze, que je découvre par la même occasion ; un excellent cru de sa part en l'espèce, ce film auréolé à juste titre de l'Oscar du meilleur scénario s'avérant profondément brillant, car empreint d'une réflexion savamment menée.
S'atteler à l'exploration d'une thématique aussi complexe que l'amour, ou les sentiments humains en général, supposait un traitement subtil et délicat, mais en tous points compliqué ; Her y parvient sans trop de peine, à l'image de son protagoniste principal Theodore Twombly, un homme fragilisé par son divorce dont il rechigne à signer les papiers.
Sous couvert de cette figure complexe et non moins crédible, composée à merveille par un Joaquin Phoenix méritant bien des louanges, le film nous propose une trame captivante de bout en long, aux multiples ressorts émotionnels ; le couple qu'il forme avec Samantha, un système d'exploitation dernier cri évoluant de façon révolutionnaire, est en effet fort touchant, et engendre bon nombre d'axes de développement autour des composantes de l'amour, ce sentiment si justement qualifié de "folie socialement acceptable".
Une idylle abstraite d'apparence mais pas tant que ça, Her approfondissant le tout avec brio et finesse sans basculer dans un pathos maladroit et grossier, leur relation progressant avec vraisemblance ; là est d'ailleurs la prouesse du long-métrage, celui-ci parvenant à nous faire croire à l'impossible, espérer mais aussi douter, on est pour ainsi dire suspendu au cheminement sentimental d'un Theodore décidément attachant.
A ses côtés on trouve une galerie de personnages secondaires réussis, avec en tête de file les très utiles Catherine (Rooney Mara) et Amy (Amy Adams), ou encore le sympathique Paul (Chris Pratt) ; Her est aussi l'occasion de pénétrer dans un futur proche foutrement plausible, avec une technologie toujours plus prédominante, un zeste d'humour vidéoludique et une mode vestimentaire contrastant pour le mieux avec ce monde "connecté"...
Le visuel du film est d'ailleurs superbe bien que très minimaliste en termes de décors, tandis que celui-ci se trouvé doté d'une photographie somptueuse, le tout servant au mieux cette trame tant sophistiquée ; Her privilégie donc clairement le fond à la forme (ici épurée), tout en évitant le moindre détour explicitant les ressorts de ce futur intrigant au profit de son sujet premier.
Et si la BO est exquise, au même titre que le long-métrage dans son ensemble, on regrette toutefois de voir venir le dénouement, dont les tenants prévisibles n'émeuvent pas autant qu'espéré, tout en soulignant le manque d'approfondissement quant à l'univers dans lequel baigne Theodore and co...
Her n'en demeure pas moins une sacrée expérience que l'on a bon plaisir de découvrir, car aussi bon que beau sur bien des points, tandis que l'on retiendra surtout la prestation magnifique de Joaquin Phoenix, impressionnant quelque soit le registre.