Here : les plus belles années de notre vie pose sa caméra au milieu du salon d'une jolie maison américaine et n'en bougera plus pendant 1h44. On aurait pu craindre un effet scène de théâtre mais c'était sans compter l'inventivité sans cesse renouvelée d'un Robert Zemeckis toujours aussi féru d'expériences et d'innovations techniques. Grâce à de nombreux et très réussis effets de mise en scène (fondus, incrustations et superpositions) on oublierait presque que la caméra reste imperturbablement et durablement fixe. Un concept très fort, original et audacieux qui n'est qu'un point de départ pour une histoire ambitieuse qui illustre une des thématiques préférées du réalisateur : le temps. Des origines de la vie sur Terre jusqu'au temps présent, les époques se mélangent tout en fluidité grâces à des transitions travaillées. Les histoires familliales qui sont dépeintes peuvent paraîtrent peu originales mais elles fonctionnent et arrivent à toucher grâce à leur belle simplicité, bien aidées par le score du fidèle Alan Silvestri. Elles tissent au fil des époques une véritable ode à la famille, au foyer et à l' "american way of life" comme Hollywood en a tant produit durant son âge d'or. Le discours n'est pour autant pas complètement naïf, le film abordant par moment des sujets plus sombres et évoque (timidement) des sujets sociétaux très actuels. On sent que ce n'est pas ici que le réalisateur est le plus à l'aise et on lui pardonnera facilement. On pourra aussi regretter quelques effets numériques pas toujours du meilleur goût mais on a un peu l'habitude avec Bob et ce n'est pas bien grave. On était malheureusement peu nombreux dans la salle mais je suis certain que chaque spectateur est reparti avec la satisfaction d'avoir vu une oeuvre réconfortante et vraiment pas comme les autres.