Heretic
6.3
Heretic

Film de Scott Beck et Bryan Woods (2024)

Evacuons d'emblée les quelques défauts : le dispensable personnage de Topher Grace (une habitude pour cet acteur ; cf son Venom) grippant légèrement la belle dynamique du film et un propos parfois confus sur les intentions du personnage de Hugh Grant

auxquelles se rajoute une fin ambiguë concernant le positionnement des réalisateurs/scénaristes sur la religion : suite à la critique du dogmatisme religieux, la résurrection maladroite de sœur Barnes puis sa possible réincarnation finale en papillon laissent à penser que la balance penche du côté des « believer ».


En dehors de ces réserves, « Heretic » est globalement une jolie réussite dans le genre souvent moribond de l’horreur (même si nous sommes ici parfois plus proche d’un thriller psychologique avec une bonne dose de glauque) qui se permet de soulever des interrogations passionnantes sur le sujet « casse-gueule » de la religion.


La 1er moitié du long-métrage est brillante de par son économie de moyens et sa sobriété : toute la tension repose sur les dialogues du trio mains également sur les silences. Puis on s’enfonce de plus en plus dans l’horreur, peut-être de manière plus conventionnelle. Mais cela reste toujours percutant grâce notamment à ses 3 acteurs (Hugh Grant est brillant et réellement angoissant), à son visuel (beau travail de l’ex-chef opérateur de Park Chan-Wook) et à une mise en scène dynamique sachant parfaitement exploiter le huis clos

(superbe idée, dans le final, jouant avec la maquette de la maison et les échelles).

Au jeu des influences (et itérations puisque c’est un des théories développées par Mr. Reed) on pense évidemment à Shyamalan (« Knock at the cabin » et « Signs » en particulier) pour le thème de la foi et son approche « réaliste » du fantastique

(même si finalement ce dernier est quasiment absent du récit) .

De manière plus inattendue, il y a également quelque chose de très « Tarantinesque » par la manière d’injecter à travers les dialogues de la tension (nous sommes, comme chez Tarantino, en attente du point de rupture qui va faire déraper le film), par son humour noir bien dosé (le choix de Hugh Grant, avec son éternel côté pince sans rire et son flegme britannique, est parfait) et par de nombreuses références pertinentes à la pop culture :

les chaines de burger, Radiohead, le Monopoly et même un clin d’oeil très amusant à Star Wars épisode 1 (Jar-Jar !).

Doof-Warrior
7
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le 20 déc. 2024

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