C'est le dernier film tourné par Fernandel qui devait disparaitre l'année suivante en 1971, on peut dire qu'il termine sa carrière sur une jolie comédie dramatique pleine d'humanité et de bons sentiments. Fernandel retrouvait un peu de son personnage de la Vache et le prisonnier, le cheval Ulysse remplaçant ici Marguerite la vache laitière avec laquelle il traversait toute l'Allemagne pendant la guerre. Mais si ce dernier était plus tourné vers la comédie en insistant sur les péripéties comiques, Heureux qui comme Ulysse est une virée douce-amère et un peu mélancolique, avec une poignante amitié qui s'est forgée entre un vieil homme et un vieux cheval, adoucissant ainsi les obstacles d'une route chaotique, en évitant la sensiblerie ; c'est un peu comme une sorte de road movie bucolique à travers la Provence et la Camargue.
Outre cette amitié entre l'homme et l'animal, le film brasse aussi des thèmes comme la liberté, le temps qui passe, la défense des animaux et le respect de la nature, c'est comme une virée écolo où Fernandel met beaucoup d'émotion dans son personnage ; c'est dommage que le film fut un échec à sa sortie en été 1970, mais son étoile ne brillait plus comme du temps des films de Pagnol, c'est pourquoi il faut le redécouvrir, c'est un film généreux et simple, qui met du baume au coeur. Et le plus étonnant, c'est qu'il est adapté d'un livre écrit par une romancière américaine, dont l'action se situe en effet en Camargue ; c'est plutôt surprenant quand on sait que les Américains ne connaissent rien d'autre en France que Paris.
A noter qu'une scène de corrida est montrée sans concessions, sans doute pour mieux nous en dégoûter, en tout cas pour moi c'est assez insupportable, car je déteste cette activité barbare et d'une cruauté sans nom.