Son patron charge Antonin de mener aux arènes d'Arles le vieux cheval Ulysse destiné à finir en monture de picador et, peut-être, à mourir étripé par un taureau de corrida. Antonin ne s'y résout pas, trop attaché à ce compagnon dont il s'est fait comme un fils.
L'homme et l'animal sont "l'âme du monde" ainsi que l'affirme le réalisateur Henri Colpi dans un film atypique, un poème naïf, écologiste, sur lequel se greffent parfois les accents de la comédie méridionale. Les valeurs que Colpi défend sont le respect de la nature -la Camargue, belle et encore préservée- et le respect de la vie. Des considérations qu'auraient perdues de vue, tandis que Tonin et Ulysse cheminent tranquillement sur la route d'Arles, ces automobilistes énervés ou, plus loin, ces insouciants spectateurs de corrida. Le film n'est pas précisément une charge contre la corrida mais peut-être l'a-t-elle inspiré.
Le vieux Tonin, interprété dans un mélange de faconde provençale et de mélancolie par Fernandel, est un homme sensible, un des derniers, dirait-on, à ressentir sa responsabilité envers son environnement. Cependant, Colpi ne parvient pas souvent à toucher la corde sensible (pas même avec le renfort de la mélodie de Georges Delerue) et l'"amitié" entre Tonin et Ulysse reste illustrative. Les bons sentiments ne font pas forcément les bons scénarios.